Nouveauté cette année pour les collégiens : ils n’ont plus le droit de se servir de leur téléphone portable dans l’enceinte de leur établissement scolaire. Un dispositif nommé “Portable en pause” qui, s’il semble vertueux sur le papier, pose des problèmes de mise en application. Outre les difficultés logistiques, le Département de la Haute-Garonne, relève celles du financement : cette mesure coûterait 5,58 millions d’euros.
En juillet dernier, en pleine période de vacances scolaires, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, publiait une circulaire pour la mise en place du dispositif “Portable en pause”. Cette dernière vise à interdire l’utilisation du téléphone par les élèves, dans l’enceinte de leur établissement scolaire. Les appareils doivent être éteints et rangés. En Haute-Garonne, le nouveau recteur de l’académie de Toulouse, Karim Benmiloud en a pris acte, et estime que cette mesure « est un véritable enjeu culturel, civilisationnel, et même anthropologique ».
« Un des principaux défis que doit relever l’Éducation nationale, c’est le temps massif que les élèves consacrent aux écrans. Il a des conséquences extrêmement néfastes sur l’attention, sur les apprentissages, mais aussi sur la qualité des relations entre les élèves eux-mêmes », poursuit le recteur. Un avis partagé par Sébastien Vincini, président du Conseil départemental de Haute-Garonne, qui aura la responsabilité de financer le dispositif : « Au-delà des problèmes de vols des appareils, et des perturbations qu’ils peuvent causer en cours, ils contribuent à rompre la communication entre élèves, qui passent leur temps sur leur écran. Le téléphone est également vecteur du harcèlement scolaire. »
Si le principe est donc bien accueilli par les acteurs de l’éducation, le déploiement du dispositif est lui plus discuté, et surtout plus compliqué. La circulaire du ministère impose une mise en place totale d’ici décembre 2025. Les établissements ont donc quatre mois pour se mettre à la nouvelle norme. « Mais en publiant une circulaire en juillet, il ne faut pas s’attendre à des miracles », s’agace Sébastien Vincini. D’autant que l’opération « prendra des formes différentes selon les collèges », précise le recteur. En effet, « la logistique n’est pas la même dans un collège de 150, 300 ou 800 élèves ». De même, les contraintes techniques sont différentes s’ils se trouvent en milieu urbain ou rural.
Ainsi, chaque établissement devra d’abord identifier la formule qui lui convient le mieux entre les enveloppes sécurisées, les mallettes ou les casiers individuels, pour que les élèves y déposent leur téléphone. « Et c’est à bien réfléchir », affirme le président du Département à l’attention des chefs d’établissement. Deux expérimentations ont été réalisées l’an dernier. La première, dans le collège Paleficat, à Toulouse, où les portables devaient être déposés dans une pochette, à la Vie scolaire. Problème : la récupération des appareils en fin de journée prenaient trop temps, il fallait faire la queue, et nombreux étaient ceux qui rataient leur bus pour rentrer chez eux. À Castelnau d’Estrètefonds, des casiers individuels ont été installés, et le retour d’expérience s’avère plutôt positif. Mais tous les collèges n’ont pas l’espace nécessaire pour se faire.
Et quand bien même, Sébastien Vincini dénonce des délais irraisonnablement courts : « Une telle opération nécessite des études de faisabilité, des appels d’offres… Tout cela ne peut pas se faire en un claquement de doigts ! » Sans compter les coûts, fustige-t-il. En effet, la collectivité a déjà estimé le montant à mobiliser. Son président sort la calculatrice et pose le problème : « En sachant qu’aujourd’hui, seul le collège de Castelnau d’Estrètefonds est équipé de casiers individuels sur 102 que compte le département. Que 69 000 élèves y sont inscrits pour l’année 2025-2026. Et qu’un casier, le moins cher, coûte 86 euros. La Haute-Garonne devrait donc sortir 5,58 millions d’euros ! » Sans compter les frais d’installation…
Sébastien Vincini assure cependant qu’il financera la mise en place de cette circulaire, « d’une part parce que j’y suis favorable, et d’autre part parce que c’est la compétence de ma collectivité ». Il n’attend plus que les doléances des chefs d’établissements. « Un déploiement au cas par cas ! »
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