Surplombant la vallée de l’Auzoue, le château médiéval de Courrensan, joyau du Gers inscrit aux Monuments historiques, fait l’objet d’une vaste restauration. Soutenu par la Mission Patrimoine de Stéphane Bern, ce site emblématique du Bas-Armagnac entame une nouvelle vie après des siècles d’histoire.
Perché sur un promontoire dominant la vallée de l’Auzoue, au cœur du Bas-Armagnac, le château de Courrensan (Gers) s’impose comme l’un des plus anciens témoins de l’histoire gasconne. Inscrit aux Monuments historiques, cet édifice emblématique, propriété de la famille Devedjian, fait aujourd’hui l’objet d’un ambitieux chantier de restauration. Après des siècles de transformations et de dégradations, ce symbole du patrimoine local entre dans une nouvelle ère.
L’origine du château remonte aux alentours du XIᵉ siècle, lorsqu’une maison forte appartenant aux seigneurs de Lomagne-Firmacon occupe déjà le site. Ce n’est qu’au XIIIᵉ siècle que l’édifice prend la forme d’un véritable château fortifié. Sa position dominante sur un éperon rocheux lui confère un rôle stratégique : il marquait la frontière entre les territoires du roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine, et ceux du roi de France. La tour gasconne en pierre de taille, isolée à l’origine du logis principal, témoigne encore de cette fonction défensive. Autrefois, un fossé, aujourd’hui comblé, renforçait le système de protection, complété par des murailles encore visibles.
Au fil des siècles, le château change de mains et d’allure. Au XVIᵉ siècle, il appartient à la famille d’Astarac, puis, un siècle plus tard, la marquise de Rochechouart y entreprend de grands aménagements. Elle fait notamment percer six larges ouvertures sur la façade Nord pour illuminer le logis. L’époque suivante voit la famille Du Pleix de Cadignan transformer l’intérieur avec de superbes boiseries et une cheminée à colonnettes, éléments aujourd’hui classés.
Le château traverse ensuite la tourmente révolutionnaire avant d’être vendu à la commune de Courrensan. Transformé successivement en école, mairie, presbytère ou encore caserne de pompiers, le bâtiment subit de lourdes altérations. En 1888, l’une de ses tours s’effondre. L’édifice tombe peu à peu en ruine, jusqu’à son rachat en 1966 par la famille Devedjian, qui entreprend de lui redonner vie, soutenue en partie par la Fondation Patrimoine, comme 12 autres monument d’Occitanie.
Depuis, la restauration se poursuit par étapes. En 1979, les façades et toitures ainsi que les éléments décoratifs du XVIIIᵉ siècle obtiennent le statut de Monument historique. Plus récemment, en 2023, les terrasses et anciens remparts ont rejoint cette protection nationale, confirmant la valeur patrimoniale du site.
Mais la tâche reste colossale. En hiver 2020, d’importantes pluies provoquent l’effondrement d’une portion du rempart Sud. Les études menées révèlent alors une fragilisation inquiétante du socle rocheux : fissures, affaissements et désagrégation menacent directement la stabilité du château.
Face à cette situation, un plan global de restauration a été lancé. Une première étape de mise en sécurité, achevée début 2025, a permis de stabiliser la structure. Le programme se poursuit avec la consolidation du rocher d’assise par une paroi clouée en béton projeté, suivie de la création d’un faux rocher destiné à dissimuler les renforcements contemporains tout en restituant l’aspect naturel du site. Selon la Fondation du patrimoine, qui accompagne les propriétaires, « l’assise rocheuse du Castelnau constitue un élément fondateur de l’identité du village ». L’objectif est donc de préserver cette singularité tout en garantissant la sécurité et la durabilité du monument. La dernière phase concernera la reprise des toitures et des maçonneries. Des travaux qui devraient s’étendre jusqu’en 2027.
Le château de Courrensan a été sélectionné en 2025 par la Mission Patrimoine portée par Stéphane Bern et déployée par la Fondation du patrimoine, avec le soutien du ministère de la Culture et de FDJ UNITED. Cette initiative nationale, qui œuvre pour la sauvegarde des sites en danger, soutient cette année 102 projets à travers la France, dont huit en région Occitanie-Pyrénées. Les fonds issus de la huitième édition du Loto du Patrimoine permettront de financer une partie essentielle des travaux de consolidation du château.
Bien qu’il s’agisse d’une propriété privée, le château s’ouvre régulièrement au public. Chaque année, les Journées européennes du patrimoine offrent l’occasion d’en découvrir l’intérieur, tandis que les jardins, situés en contrebas, sont accessibles librement tout au long de l’année.
Une campagne de dons, lancée en décembre 2024, permet également à chacun de participer à la sauvegarde de ce joyau gascon. Elle a déjà permis de récolter 31 800 euros. La Fondation du patrimoine rappelle qu’il s’agit d’un monument « représentatif de l’histoire du Gers et témoin d’un savoir-faire architectural médiéval unique ». Grâce à la mobilisation des propriétaires et au soutien des institutions, le château de Courrensan se prépare ainsi à entamer un nouveau chapitre de son histoire, celui de sa renaissance.
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