Le président du conseil départemental du Gers, Philippe Dupouy, a adressé un courrier à Sébastien Lecornu pour défendre le rôle et les moyens des départements dans le cadre du nouvel acte de décentralisation annoncé par le gouvernement.
Le conseil départemental du Gers a rendu public ce mercredi 12 novembre une lettre adressée par son président, Philippe Dupouy, au Premier ministre, Sébastien Lecornu. Il y exprime ses doutes face au projet gouvernemental de nouvel acte de décentralisation et alerte sur les difficultés financières rencontrées par les collectivités.
« Les Départements doivent être respectés et confortés dans leurs missions actuelles », écrit Philippe Dupouy. « Cela ne pourra se faire sans une révision en profondeur, non pas de leurs compétences, mais des moyens qui leur sont attribués, afin d’assurer une véritable égalité entre nos territoires et entre nos concitoyens. »
Sébastien Lecornu avait invité les élus locaux à formuler, avant le 31 octobre, leurs propositions sur la décentralisation. Cette démarche s’inscrit dans la promesse de redéfinir les compétences entre l’État, les régions, les départements et les communes.
« Votre initiative d’engager un nouvel acte de la décentralisation suscite à ce stade davantage de circonspection que d’enthousiasme », souligne le président de la collectivité gersoise. Mais il se dit prêt à soutenir une réforme « si tant est qu’elle redonne aux collectivités la place qu’ils méritent ».
Le président gersois décrit une situation budgétaire tendue, marquée par un effet de ciseau entre des dépenses sociales croissantes et des recettes insuffisantes. « Les finances des départements sont exsangues », alerte-t-il, précisant que, pour le Gers, les restes à charge liés aux aides sociales devraient passer de 36,7 millions d’euros en 2024 à 42,1 millions en 2025, soit une hausse de 7%.
Philippe Dupouy plaide pour une fiscalité propre et cohérente afin de garantir des ressources pérennes, citant par exemple le transfert du produit des cartes grises ou d’une part de la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), une taxe sur les carburants, aux collectivités.
« L’asphyxie financière des collectivités départementales conduit à un recul de leurs engagements. Cet affaiblissement nourrit un sentiment d’abandon au sein de la population et alimente la progression des partis extrêmes », prévient le président du Gers. « Avant d’envisager un nouveau big bang institutionnel, il conviendrait d’engager une réflexion approfondie sur les réformes antérieures. »
Philippe Dupouy participe cette semaine aux assises des départements de France à Albi, où la question de la décentralisation devrait être abordée.
Bryan Faham
Bryan Faham écrit pour le Journal Toulousain depuis 2021. Il traite notamment l'actualité dans l'Aude, l'Aveyron, le Gard, le Gers, la Haute-Garonne, l'Hérault et le Lot. Formé à l’ISJT, il a collaboré avec France-Guyane, La Tribune Toulouse et Freshr.
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