Surplombant Villeneuve-lès-Avignon depuis plus de six siècles, le fort Saint-André incarne la puissance du royaume face à la Papauté d’Avignon. Édifié au XIVᵉ siècle sur ordre des rois de France, ce monument du Gard raconte l’histoire d’une rivalité entre pouvoir royal et autorité religieuse, au cœur du Moyen Âge provençal.
À l’Est du Gard, la commune de Villeneuve-lès-Avignon, accueille un mastodonte de vieilles pierres sur ses hauteurs. Depuis plus de 600 ans, le fort Saint-André domine la ville située sur la rive gauche du Rhône. L’édifice offre une sublime vue sur une partie du Gard, mais surtout sur l’ancienne cité papale d’Avignon, dans le Vaucluse. Par ailleurs, l’histoire de cette construction est étroitement liée au passé religieux et politique de la région. En effet, ces magnifiques remparts ont été érigés en signe de défiance aux dirigeants de l’Église catholique d’Occident qui avaient élu domicile dans le Palais situé de l’autre côté du fleuve, au XIVe siècle.
Au début du XIVe siècle, le Pape déménageait de Rome à Avignon. À cette époque-là, la situation n’était pas optimale à Rome et ce dernier décidait de déplacer, temporairement, son siège dans le Comtat Venaissin, un État pontifical cédé en 1274. Lorsque le pape Clément V décide de venir loger dans le Vaucluse, en 1305, le Roi de France Philippe IV le Bel avait déjà commencé à renforcer Villeneuve-lès-Avignon et avait commandé le fort Saint-André. Toutefois, le souverain voit d’un bon œil l’arrivée de son homologue pontife. Fragilisé par des conflits, en Flandres et Guyenne, il espère renforcer son influence auprès de l’Église. Cet accueil permet aussi de réaliser une démonstration de puissance du royaume à la fleur de lys.
Sur la seconde moitié du XIVe siècle, Jean II le Bon a désormais la charge de la couronne et n’a pas la même affinité avec ses voisins. Dans le Sud-Est de son territoire, il s’inquiète du pouvoir grandissant de la Papauté, mais aussi du Saint-Empire romain germanique. Au sommet de la cité, sortie de terre quelques décennies auparavant, le roi de France lance la construction du fort Saint-André sur le mont Andaon, visible depuis Avignon. Le fort devient un témoin de la puissance française envers l’état catholique. Il protège aussi l’abbaye bénédictine et le bourg éponyme, présents sur place depuis environ 300 ans.
Le roi Charles V, successeur de Jean II le Bon, décide de terminer le monument, après 1364. Cependant, il a rapidement perdu de son intérêt, à peine quelques décennies après la fin de sa construction. Pour cause, le Grand schisme d’Occident intervient en 1378 et l’Église se scinde en deux. Un pape élit domicile à Avignon, quand un autre retrouve Rome. Durant 40 ans, deux souverains pontifes coexistent, mais ce sera bien l’évêque basé dans la péninsule italienne qui va prendre l’ascendant. Ironie du sort, l’ultime architecte du fort Saint-André serait un certain Jean de Louvres, l’un des concepteurs du Palais des Papes.
Informations pratiques :
Fort Saint-André, à Villeneuve-lès-Avignon (Gard) ;
Visite libre et commentée du site à 7€ (tarif individuel) mais gratuit pour les 25 ans et moins ;
Plus d’informations à découvrir en cliquant ici.
Erwan Harzic
Passionné de sport, curieux de tout. Journaliste pour @LeRugbynistere / Éditorialiste @LeJournalDuReal Formé à @ISJToulouse et passé par @JVCom et @lequipe
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