[Tribune] Les sociétés coopératives, rempart contre le désengagement des salariés
Novembre est le mois de l’économie sociale et solidaire (ESS). L’occasion pour l’Union régionale des Scop (Urscop) de revenir sur les vertus des sociétés coopératives. Elles sont notamment génératrices de motivation chez les salariés, ce qui permet de lutter contre le désengagement, qui semble être de plus en plus prégnant dans une nouvelle société où les travailleurs sont en quête de sens. Rémi Roux, président de l’Urscop Occitanie, prend la parole dans les colonnes du Journal Toulousain pour rappeler les fondamentaux…

Les sociétés coopératives et participatives (Scop) ont été créées par les travailleurs pour les travailleurs ! Le statut de coopérateur est toujours, en 2022, d’une grande modernité au regard des aspirations des salariés français. En effet, 43% des salariés n’ont jamais été consultés par leur entreprise sur les décisions opérationnelles ou stratégiques. Un chiffre qui ne peut s’appliquer aux sociétés coopératives (Scop et Scic), puisque les grandes décisions stratégiques sont votées en assemblée générale selon le principe “1 personne = 1 voix”, quel que soit le capital détenu.
On me pose souvent la question des différences entre les sociétés coopératives, et les entreprises “normales”… Mais ce sont les Scop et les Scic qui sont des entreprises normales !
Vous trouvez cela normal que les bénéfices d’une entreprise reviennent à des actionnaires qui n’y travaillent même pas ? Et qui utilisent les résultats du travail des salariés pour leur enrichissement personnel ?
On parle actuellement de “grande démission”, une maladie venue d’outre-Atlantique, qui commence à contaminer aussi notre pays. Un phénomène révélateur du désengagement des salariés, dépourvus de ressorts de motivation. Les salariés, notamment les plus jeunes, se posent la question du “Sens” qu’apporte leur travail dans leur vie.
Les sociétés coopératives : des entreprises créatrices d’emplois durables
La crise sanitaire nous a confortés dans la nécessité d’une économie plus citoyenne.
Le modèle économique actuel nous montre la limite des délocalisations de production pour réduire les coûts, la fragilité de notre dépendance à des chaînes d’approvisionnement internationales à flux tendus, et notre vulnérabilité sur des produits stratégiques.
Cela montre l’importance de la production locale et la nécessité d’une industrie française forte et compétitive.
Ainsi la Scop, qui n’est pas délocalisable et qui est ancrée sur son territoire, porte une vision de l’économie basée sur la production en France, valorisant les emplois locaux.
79% des salariés aimeraient un jour travailler au sein d’une coopérative, voire en créer une peut-être. Côté dirigeants, ils sont 6% à vraiment se poser la question de transformer leur entreprise en Scop un jour, et 27% le voient comme une opportunité future.
Les sociétés coopératives : des entreprises aux mains des salariés
La création ou reprise d’entreprises par les salariés, devenus actionnaires, est un gage de pérennité et de performance. En effet, pour les salariés, la promesse d’obtenir un juste retour de leur contribution en percevant une part des bénéfices de leur entreprise est moteur. C’est la conviction sur laquelle s’appuie l’esprit coopératif qui considère l’entreprise comme un bien commun dans laquelle chaque partie prenante est copropriétaire.
Les sociétés coopératives résistent statistiquement mieux aux crises grâce à un de leurs principes fondamentaux : une part des résultats est mise en réserves chaque année. Ainsi, les Scop peuvent disposer de fonds propres plus importants en cas de problème. Ces réserves impartageables sont un bien collectif.
Les sociétés coopératives mettent en œuvre une démocratie économique et participent à la construction d’un modèle différent, qui montre le chemin d’une économie au service de l’intérêt général, social et environnemental.
Les sociétés coopératives : des entreprises engagées dans la transition sociale et écologique
En France, 51% des salariés estiment que leur entreprise prend en considération d’abord ses résultats financiers avant l’humain et l’environnement. Seuls 43% des salariés sont satisfaits de l’engagement de leur entreprise en faveur de l’environnement.
La nécessaire transition écologique devra forcément s’accompagner d’une transformation sociale.
Ce sont près de 30% des sociétés coopératives qui œuvrent dans des ressourceries, le recyclage, le commerce et les produits bio ou écologiques, la construction et rénovation de bâtiments écologiques, la mobilité durable et les énergies renouvelables. Créatives et investies dans leur territoire, au cœur de l’économie, les sociétés coopératives s’inscrivent sur le long terme en associant accomplissement individuel et performance collective.
Les entreprises coopératives n’étant pas détenues par des financiers dont le but à court terme reste le profit, elles peuvent prendre des décisions de long terme, pour l’avenir de leurs travailleurs, de leur environnement, et pour la pérennité de leur outil de travail.
Nous avons une occasion unique de faire un virage vers une économie plus humaniste, plus écologique et plus démocratique : développons ensemble l’entrepreneuriat coopératif !
Rémi Roux, président de l’Union régionale des Scop & Scic d’Occitanie (Urscop)
L’Union régionale des Scop Occitanie pôle Pyrénées est une structure d’accompagnement à la création, reprise et transmission d’entreprises en coopératives. Elle propose un service complet aux adhérents et aux porteurs de projet : accueil et suivi personnalisé, accompagnement juridique, solutions de financements adaptées à la
création comme à leur développement, formations…
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