Selon les calculs de Carole Delga, « pour 2025, l’Occitanie devrait subir une nouvelle perte de 140 millions d’euros », due au Projet de loi de finances (PLF) du gouvernement Barnier. Il faudra donc faire des économies, de fonctionnement et d’investissement. Quels projets seront maintenus, lesquels sont réinterrogés ?
140 millions d’euros. C’est le montant des pertes exclusivement engendrées par le Projet de loi de finances (PLF) 2025 du gouvernement Barnier en Occitanie. Un impact financier conséquent auquel s’ajoute un manque à gagner déjà généré par des décisions antérieures de l’État (non-compensation des surcoûts énergétiques, exonération de frais de cartes grises pour les véhicules électriques, mesures en faveur du pouvoir d’achat des fonctionnaires…). Au total, « la Région va perdre 187 millions d’euros en 2025. Autant d’économies qu’il faudra faire », peste Carole Delga, présidente de la collectivité locale. Un effort que cette dernière juge « injuste, déséquilibré et disproportionné quand on sait que les collectivités ne comptent que pour 8% dans la dette publique ».
En tant que présidente de Régions de France, Carole Delga s’indigne du manque d’intérêt que porte le gouvernement aux collectivités territoriales. Selon elle, il leur est demandé de consentir à des économies quand, dans un même temps, elles doivent participer à l’effort national : « Nous devons accompagner les plans de l’État au niveau sanitaire, économique et sur les mobilités décarbonées, chose que nous avons faite en investissant 26% entre 2019 et 2023 et nous sommes les seules collectivités à n’avoir obtenu aucune aide quant à nos dépenses de fonctionnement ! » précise la présidente. Unique recours : l’emprunt.
En Occitanie, la capacité de désendettement sera de 7 ans d’ici la fin de l’année, sachant que le seuil d’alerte est fixé à 9 ans. Pour ne pas l’atteindre, Carole Delga a donc dû mettre en place un plan de réduction des dépenses de fonctionnement. Parmi les décisions évoquées, le gel des embauches en 2025. Mais elle s’engage au maintien des effectifs. Dans un même temps, la collectivité va poursuivre la rationalisation du nombre d’agences régionales : de 17 en 2016, elles passeront à 3 en 2025, ce qui aura permis des économies globales de 40 millions d’euros. Et faire la chasse aux doublons avec l’État, à l’image de Rénov’Occitanie et ma Prim’Rénov (2 millions d’euros d’économie par an). Les participations régionales aux structures extérieures seront également revues. Dans le viseur de la présidente, la SNCF : « La Région paye un droit d’usage à la société ferroviaire. Des péages qui progresseront de 8% en 2025. Nous refusons cette augmentation et demandons à Bercy de revoir le modèle de SNCF Réseau sur les coûts des péages ferroviaires », lance Carole Delga.
Il conviendra également aussi de réinterroger certains investissements. Mais une chose est sûre, « tous les arrêtés de subventions et les contractualisations signés jusque-là seront honorés », assure la présidente de Région. Avec son équipe, décision a été prise de donner la priorité au pouvoir d’achat, à l’emploi et à la santé. A ce titre, la rentrée scolaire en Occitanie restera la moins chère de France (gratuité des manuels scolaires, don d’un ordinateur aux lycéens…), les salariés auront toujours accès au train pour 1€, les 12-26 ans continueront à ne pas payer les transports, les aides aux TPE et PME seront maintenues, tout comme celles aux agri et viticulteurs. Enfin, la Région poursuivra sa politique de recrutement de médecins.
En revanche, Carole Delga annonce une sérieuse remise en question des financements régionaux des infrastructures ferroviaires. Si l’ouverture des petites lignes Montréjeau-Luchon, Alès-Bessège et Rive Droite du Rhône, ainsi que la participation à la LGV sont assurées, les lignes Limoux-Quillan et Rodez-Séverac sont maintenant dans l’expectative. « Puisque l’État ne joue pas le jeu, nous allons arrêter de compenser son désengagement sur le financement des infrastructures ferroviaires », lance la présidente d’Occitanie. Elle informe également de la suspension des commandes de nouveaux trains prévus en partenariat avec la Région Nouvelle-Aquitaine.
Autres pistes de réflexion pour réaliser les économies nécessaires, celle de nouvelles modalités d’interventions sur les projets communaux et intercommunaux, tout comme sur les opérations du Contrat de plan État-Région (CPER), à savoir l’enseignement supérieur, la recherche et la culture.
Enfin, Carole Delga avoue travailler sur de nouveaux canaux de financement concernant le Service Express Régional Métropolitain (SERM). Et pourquoi pas les péages des autoroutes. Après tout, les exploitants utilisent le domaine public… En effet, « dans moins de 5 ans, les premiers contrats de concession prendront fin. L’occasion », selon la présidente de Régions de France, « de réorienter les bénéfices, estimés à 4 milliards d’euros, des concessionnaires ayant amortis leurs investissements vers la mobilité décarbonée, comme le SERM ou le ferroviaire »…
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