Face à une crise politique qui fragilise près de 380 000 petites et moyennes entreprises en Occitanie, la CPME tire la sonnette d’alarme. Son président, Vincent Aguilera, dénonce l’instabilité réglementaire et lance “Cap 2028”, un plan stratégique pour soutenir ses adhérents face aux défaillances croissantes.
« Depuis plusieurs années, nous subissons des turbulences politiques, économiques et sociales à répétition », constate Vincent Aguilera, président de la CPME Occitanie, précisant que la situation nationale actuelle (gouvernement démissionnaire) « est une crise politique, qui a des conséquences catastrophiques sur le tissu économique, notamment local ». Dans le flou, les 400 000 entreprises de la région, dont 95% sont des TPE et PME, souffrent.
Le président de la CPME Occitanie dit « Stop ! » « Stop au “on fait et on défait” ! » Pour exemple, dans le secteur du bâtiment, « la suspension de la plateforme énergétique MaPrimeRénov’, la baisse des aides à la rénovation, l’absence de mesure pour remplacer la loi Pinel… créent une incertitude et un manque de visibilité que les entreprises ont du mal à gérer ». Il explique : quand le gouvernement a mis en place des aides à la rénovation énergétique pour lutter contre les passoires thermiques, les entreprises du secteur ont connu une explosion de leur activité. Elles ont embauché. Puis, tout s’est arrêté du jour au lendemain. « Aujourd’hui, ces PME facturent jusqu’à cinq fois moins ! Et espèrent désespérément la réactivation de la plateforme. En attendant, que doivent-elles faire de leurs salariés ? »
A cela s’ajoute « la hausse de la fiscalité, des cotisations sociales et l’accumulation de réglementations administratives comme le report des congés payés lors d’arrêt maladie du salarié, sans oublier l’avènement des factures électroniques », liste Vincent Aguilera. Autant de contraintes qui pénalisent la compétitivité des entreprises, déjà impactées par les nouveaux droits de douane, le récent Accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne. Ce sont les entreprises des départements ruraux, comme le Gers ou l’Ariège, qui sont le plus en difficulté. Pour rester compétitives, « les entreprises n’ont d’autres choix que de réduire leurs marges, ou d’alléger leurs dépenses de fonctionnement », témoigne-t-il. Et les plans de licenciements se succèdent.
Face à ces nouvelles normes, nombre de PME et TPE ne parviennent plus à faire face. En Occitanie, la dernière étude Altarès fait état d’une augmentation des défaillances (sauvegardes, redressements, et liquidations judiciaires) de 5,8% au deuxième trimestre 2025, soit 1 435 procédures. Au niveau national, le président de la CPME Occitanie note 60 000 défaillances. « C’est 16% de plus qu’au moment de la crise de Subprimes en 2008 », compare-t-il.
Devant ce constat, la Confédération régionale des petites et moyennes entreprises assure être aux côtés des entrepreneurs pour les aider à se repositionner (sur leurs produits ou services comme sur leur partenariats géographiques), à revoir leur stratégie de développement… Pour cela, Vincent Aguilera annonce son plan pour accompagner ses adhérents à passer les difficultés. Baptisé “Cap 2028“, il permettra de mettre en place des actions concrètes, articulées sur quatre axes : « Fédérer et structurer notre réseau, devenir l’interlocuteur de référence auprès des institutions et des grands groupes, organiser les solutions sur le terrain et structurer l’influence locale de la CPME. »
L’objectif est clair : faire entendre la voix des entreprises. Ainsi, « nous souhaitons doubler le nombre de nos adhérents (passer de 3 000 à 6 000), car plus nous sommes nombreux et plus nous serons écoutés. Mais aussi, signer des partenariats stratégiques avec les grandes entreprises, être représenter dans toutes les instances de décision régionales et accompagner les entreprises affiliées à la CPME Occitanie pour prendre le virage numérique et celui de l’intelligence artificielle. »
Des atouts dont vont pouvoir bénéficier de nouveaux secteurs d’activité, puisque Vincent Aguilera a annoncé le ralliement de nouvelles fédérations à la CPME Occitanie. Parmi ces dernières se trouvent l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), la Fédération française du bâtiment (FFB), l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), la Fédération de l’Hôtellerie de Plein Air Occitanie (FHPAOC), la Fédération Régionale des Travaux Publics (FRTP)…
Commentaires