Si la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont appelé à lever les barrages suite aux annonces de Gabriel Attal, la Confédération Paysanne, elle, poursuit la mobilisation, notamment en Occitanie. Pour ce syndicat agricole, le compte n’y est pas et surtout, aucune mesure garantissant un revenu décent aux agriculteurs n’a été mise sur la table.
« Il aura suffi de deux annonces pour que tout le monde rentre dans les rangs ! » observe David Eychenne, l’un des porte-paroles de la Confédération Paysanne d’Occitanie, devant la levée des barrages des agriculteurs il y a six jours. Son syndicat regrette que les dernières annonces du Premier ministre Gabriel Attal (renforcement des lois Egalim, 150 millions d’euros de soutien fiscal et social aux éleveurs, suspension du plan Ecophyto sur les pesticides) aient eu raison du mouvement agricole. Car, selon lui, « il manque l’essentiel, à savoir la garantie de revenus décents pour les producteurs ».
Si les deux principaux syndicats d’agriculteurs, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA), ont rangé leurs banderoles, ce n’est donc pas le cas de la Confédération Paysanne, au contraire. « Nous n’avons pas la même puissance de frappe qu’eux ni même leur organisation, mais nous allons poursuivre la mobilisation… d’une manière différente », explique David Eychenne. Plus de barrages sur les autoroutes, mais plutôt des opérations coup de poing, localisées, dans les différents départements d’Occitanie. « Nous bloquerons des péages, des centrales d’achats, des plateformes logistiques, des supermarchés par exemple. Nous organiserons également l’événement “Le Salon à la ferme” », précise-t-il. Ce dernier permettra, « au lieu d’aller se pavaner au Salon de l’agriculture, face à ceux contre qui l’on manifestait hier », d’organiser des portes ouvertes au sein même des exploitations pour sensibiliser les élus locaux et les citoyens au quotidien d’un agriculteur.
Des actions qui ne cesseront « que quand leurs deux revendications principales seront satisfaites », indique la Confédération Paysanne. La première étant l’arrêt des accords de libre-échange et la suspension immédiate des négociations (dont l’accord avec le Mercosur). La seconde, l’interdiction de l’achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient. « Ces deux exigences permettraient aux agriculteurs de disposer de revenus dignes », résume David Eychenne. Selon lui, c’est là le seul dénominateur commun à tous les syndicats agricoles « qui auraient dû s’unir derrière cette même bannière. Nous, restons mobilisés pour obtenir de pouvoir vivre de notre métier ».
D’ailleurs, la Confédération Paysanne s’interroge quant à l’arrêt du mouvement demandé par la FNSEA et les JA. « Les annonces de Gabriel Attal ne garantissent en rien la rétribution juste des agriculteurs. Certains adhérents de ces syndicats se demandent même pourquoi leurs leaders ont cessé la lutte… Ils sont très amers ! » constate David Eychenne. En effet, selon lui, la suspension du plan Ecophyto n’est pas une avancée, « il permettait de protéger les consommateurs et de nous protéger nous, exposés directement aux pesticides », relève-t-il. Quant aux aides, elles ne sont que des pansements sur un mal plus profond : « Nous souhaiterions vivre de nos productions, et non de l’argent public, comme tout travailleur en France ! » Pour finir, si la loi Egalim doit permettre de mieux rémunérer les agriculteurs, « dans les faits, ce n’est pas le cas ! La grande distribution passe outre ! » « Tout cela n’est donc que de la poudre aux yeux, mais il semble que la FNSEA et les JA s’en contentent… Pas nous ! », poursuit le porte-parole de la Confédération Paysanne Occitanie.
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— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) February 7, 2024
Pourquoi ? Selon David Eychenne, « c’est politique ! » D’abord, parce que le Salon de l’agriculture approche (du 24 février au 3 mars). Ensuite, « parce que les élections aux Chambres d’agriculture vont avoir lieu en 2025, et, clairement, la précampagne a commencé… » Sans oublier les Européennes. Pour le syndicaliste, « tout était programmé à l’avance ! » À demi-mots, il laisse entendre une collusion entre les principaux syndicats agricoles et le gouvernement : « Tout devait s’arrêter avant la grand-messe du Salon de l’agriculture. Une véritable pièce de théâtre ! »
De plus, « nous savons que les intérêts de la FNSEA, pour ne citer qu’eux, sont doubles. À la fois, ils voudraient interdire les importations de produits étrangers, mais pouvoir continuer à exporter les leurs. » Selon lui, une des raisons pour lesquelles le principal syndicat agricole ne suivrait pas la Confédération Paysanne quant à sa demande d’arrêt des accords de libre-échange. « N’oublions pas que le président de la FNSEA est également président du conseil d’administration du groupe agroalimentaire Avril », rappelle-t-il, estimant qu’en jouant sur les deux tableaux, il est difficile de défendre et représenter les intérêts des agriculteurs.
Intérêts que la Confédération Paysanne juge encore bafoués et pour lesquels elle appelle ses adhérents à poursuivre la mobilisation. Pour cela, et malgré les divergences de points de vue entre les différents syndicats, elle tend la main, au travers d’une lettre ouverte, aux autres organisations représentatives des agriculteurs en les appelant à s’unir derrière leurs deux revendications phares, que sont l’abandon des accords de libre-échange et l’interdiction formelle de l’achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient. Pour l’heure, « nous n’avons pas obtenu de réponse », indique David Eychenne.
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