Axel Alfandari est né à Marseille, mais il a grandi à Castres depuis l’âge de 5 ans, après le divorce de ses parents. A 24 ans, il est aujourd’hui combattant professionnel de MMA (arts martiaux mixtes). Il est actuellement sans organisation depuis la fermeture de la structure qui l’accueillait (King Of Figthers). Mais l’avenir s’éclaircit : courant mai, il devrait annoncer sa prochaine destination, entre l’Ares, première organisation française, ou l’Hexagone MMA. Sa passion pour les sports de combat, son ascension dans le monde du MMA, Axel se livre sans détours dans cet entretien. Portrait.
Marseillais oblige, le premier sport pratiqué par Axel est le football. Suit ensuite le rugby, à Castres qu’il rejoint à l’âge de 5 ans. Mais les sports collectifs vont rapidement cesser de passionner le “Grizzly” (surnom de combattant d’Axel Alfandari). La dynamique d’équipe, bien qu’agréable, ne correspond pas à sa vision du sport. « Si tu gagnes, ce n’est pas que grâce à toi. Et si tu perds, ce n’est pas juste à cause de toi, c’est à cause de tout le monde. Moi, je voulais que la victoire repose sur mes épaules », explique-t-il.
Depuis son plus jeune âge, sa passion pour les sports de combat semble avoir été façonnée par un héritage familial, celui de son père, avec des films comme “Rocky IV” ou ceux de Bruce Lee qui l’ont émerveillé dès l’enfance : « Je me disais : plus grand, je veux leur ressembler. Je veux avoir ce corps-là, je veux boxer comme ça, je veux qu’on m’applaudisse comme ça ». Son premier entraînement, lui, arrive un peu par hasard. « Un ami de mon beau-père faisait du MMA. Il m’a dit de venir essayer, et après la première séance, je me suis dit : ouais, c’est le truc que j’aime. C’est vraiment ça que je veux faire », déclare-t-il.
À 18 ans, la question des études se posent même si Axel Alfandari ne veut pas se l’avouer. Malgré les conseils de sa famille qui le pousse à faire des études en STAPS, il choisit le droit : « Ma grande sœur était déjà en études de droit, alors je me suis dit que ça pourrait m’aider dans la vie, même si ce n’était pas ce qui me plaisait vraiment », raconte-t-il. Trois ans plus tard et sa licence en poche, le “Grizzly” décide de ne postuler pour aucun master. Il se lance alors à corps perdu dans les sports de combat, il veut se professionnaliser.
Au fur et à mesure, Axel Alfandari se distingue en amateur et les succès s’enchaînent. Il gagne en Angleterre, décroche une ceinture, et devient numéro un en France et en Europe dans sa catégorie (- de 77 kilos). Il poursuit sa carrière, passant de petites compétitions à des événements majeurs, y compris au Glory, un tournoi prestigieux en K-1 (kickboxing). Le tournant a lieu en 2023. C’est le “Tournoi de la sueur”, qu’il remporte. Pourtant, il n’était même pas prévu dans le tournoi, mais un appel de dernière minute a changé la donne. Un événement qui ne faisait pas beaucoup de bruit dans les médias, mais qui a permis à l’athlète de se faire connaître dans le milieu. Dès lors, les sponsors le contactent, les organisations veulent le signer et sa vie va drastiquement changer.
Après une victoire et une défaite en septembre dernier chez les professionnels, une blessure au coude et la fermeture récente de son organisation, son avenir est incertain. Il continue à s’entraîner et travaille en alternance pour joindre les deux bouts : « Je suis en alternance à Toulouse, à l’école de MMA Tictical Fight Team, sous la tutelle de Quentin Arola. J’entraîne et je m’entraîne en même temps. J’ai quelques sponsors encore, mais beaucoup moins ». Mais le “Grizzly” semble avoir terminé son hibernation. Il est en discussion avec les deux organisations les plus importantes en France, l’Ares et Hexagone MMA, pour signer plusieurs combats .
« Chez moi, c’est tout blanc ou tout noir. Je n’arrive pas à faire les choses à moitié », précise-t-il. Lorsqu’il décide de se professionnaliser, plus question de compromis. Chaque détail compte : l’entraînement, la diète, le sommeil. Tout est sous contrôle. « Tous les choix ont été faits en fonction du sport », confie-t-il sans détour. Rapidement, les soirées entre amis, les vacances en Espagne et les sorties festives sont devenues des souvenirs lointains. « Le côté social a été évincé pendant un moment. Je me renfermais beaucoup. Je mettais toutes les relations entre parenthèses pour réussir », lance-t-il.
Si résister aux sorties, à la cigarette, ou même aux distractions sentimentales ne lui pose pas problème, il avoue un point faible : la nourriture. « Le seul truc qui me bloque le plus et qui est le plus dur, c’est la bouffe », confesse-t-il. Arrêter de fumer, même à deux paquets par jour, il l’a fait du jour au lendemain. Mais résister à l’appel d’un bon petit plat reste un effort permanent, particulièrement en période de préparation de combat, où chaque calorie est comptée.
Son caractère, à la fois provocateur et moqueur, fait partie intégrante de son identité, qu’il soit sur le ring ou dans la vie. Il ajoute également que son côté “clown”, celui qui aime détendre l’atmosphère, est un moteur dans sa vie : « J’aime bien amuser la galerie, mais pas pour être méchant. J’aime quand les gens rigolent autour de moi ». Il admet que cette attitude décalée l’aide à se détendre avant les combats et à réduire la pression qui pourrait lui peser : « Si je me mettais trop de pression avant chaque combat, je n’aurais plus de plaisir ». Un caractère fait pour le MMA ou le chambrage est monnaie courante.
Dans ce sport, le mental est primordial, surtout dans les moments compliqués. « Quand je perds, je ne m’apitoies pas, je me demande ce que je n’ai fait bien fait. Identifie les points à améliorer », explique-t-il. En revanche, le sport ne doit pas prendre le pas sur sa vie personnelle : « Je n’ai pas sacralisé ma carrière, je suis resté le même. Les jours de combat sont des jours comme les autres ».
Au-delà du public, c’est avant tout le regard de ses proches qui reste le plus important : « Leurs critiques me touchent particulièrement », confie-t-il. D’ailleurs, il reconnaît avoir longtemps sous-estimé l’accompagnement psychologique : « Tout le monde se pense beau et fort. Moi le premier. Jusqu’au jour où on se rend compte que l’on est pas invincible, et là on tombe de haut », souligne-t-il.
Malgré les obstacles, il reste déterminé à avancer. Il sait que dans ce milieu, rien n’est jamais acquis : « Un jour tu gagnes, tout le monde t’aime. Un jour tu perds, tu es oublié. Mais moi, je sais que ceux qui me tournent le dos aujourd’hui reviendront vers moi demain. Et ce jour-là, ce sera mon tour de choisir ». Avec une maturité certaine, il trace sa route, conscient que le respect, la persévérance et l’humilité restent ses armes les plus sûres pour durer dans l’univers impitoyable du MMA.
Yanis Redonnet
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