Comme tous les ans depuis 1994, l’opération de prévention du cancer du sein “Octobre rose” invite les femmes au dépistage. En Occitanie, de nombreuses actions de sensibilisation sont déployées comme la mise en circulation de Mammobiles ou des appels téléphoniques directs pour prendre rendez-vous. Cela pour convaincre les 44% de femmes qui ne se font pas surveiller médicalement.
S’il est détecté précocement, un cancer du sein se soigne dans neuf cas sur dix. Une chance que les femmes ne doivent pas rater, quand on sait qu’une sur huit sera confrontée à cette maladie, selon l’Agence régionale de santé (ARS). Pour s’assurer de ce dépistage, une simple mammographie, prise en charge par la CPAM, suffit. Pourtant, trop peu de femmes ne se saisissent pas de cette occasion. En effet, « chaque année, la CPAM d’Occitanie envoie un courrier à 1 million d’entre elles, âgées de 50 à 74 ans (particulièrement à risque), pour leur proposer cet examen, gratuit. Et seulement 56% le réalisent », confirme Philippe Trotabas, directeur coordonnateur régional de la gestion du risque à l’Assurance maladie.
« J’ai peur du résultat ! » « Les mammograhies, ça fait mal ! » « Je n’ai pas le temps ! » « Je n’ai pas d’antécédents ! » Des justifications régulièrement entendues par les professionnels de santé ou les associations de prévention du cancer du sein, proposant un dépistage. Tout l’enjeu pour les autorités sanitaires est donc de convaincre ces femmes que l’effort en vaut la peine ; c’est l’objectif de l’opération “Octobre rose”. « Il ne faut pas avoir peur de se faire dépister ! La mammographie permettra au mieux de confirmer que tout va bien, et au pire, de repérer précocement une lésion, ce qui augmentera le taux de guérison ou diminuera l’importance des soins », explique Didier Jaffre, directeur général de l’ARS Occitanie. Il y a donc tout à y gagner !
Certaines femmes rencontrent des difficultés d’accès au dépistage. Les unes vivant en milieu rural, quand les autres habitent dans un Quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). « Parmi ce public des plus fragiles, le taux de dépistage tombe à 44% », observe Philippe Trotabas. Alors, pour remédier à l’éloignement des établissements de santé, la CPAM soutient la création de bus itinérants, équipés de matériel permettant la réalisation de mammographies. Dans l’Hérault, le Mammobile est opérationnel depuis 2022. En Ariège, où le taux de dépistage est le plus bas de la région (53%) il a été inauguré en juillet 2024. Et, dans les Hautes-Pyrénées, le camion “Prévent’Timm” circulera dès ce mois d’octobre. L’objectif étant d’étendre ces dispositifs aux 13 départements d’Occitanie.
Depuis cette année, les autorités sanitaires de la région ont également décidé de pratiquer une sensibilisation inclusive. En effet, la campagne “Octobre rose” s’étend désormais aux femmes en situation de handicap. Outre, une communication ciblée, le Centre régional de coordination des dépistages des cancers recense les offres de soins adaptées à l’aide d’une cartographie des centres d’imagerie accessibles aux personnes à mobilité réduite, forme les intervenants auprès de ce public et met en place des circuits de dépistage facilités.
Enfin, la CPAM a ouvert une plateforme d’appel à Albi depuis laquelle des téléconseillers contactent les femmes d’Occitanie pour les convaincre de l’intérêt d’un dépistage du cancer du sein et prendre un rendez-vous concret. Grâce à ce nouveau dispositif, en quelques semaines, près de 300 d’entre elles ont réalisé une mammographie, soit 10% des personnes appelées.
Et qui de mieux placées pour attester du bénéfice d’un dépistage que le témoignage des femmes qui l’ont fait. « Beaucoup de patientes, atteintes d’un cancer du sein, nous disent regretter de ne pas avoir répondu aux campagnes de prévention ou d’avoir trop tardé », relaye Laurence Pochard, de la Ligue contre le cancer Hérault. « Si mon cancer avait été détecté plus tôt, mes traitements auraient été moins agressifs et mutilants et mes chances de guérison meilleures », « je faisais des mammographies tous les deux ans, mais cette fois-ci, j’avais laissé passer un an de trop », racontent-elles. Alors, « faites-vous dépister tous les deux ans, vous vous en remercierez ! » assure la campagne de prévention “Octobre rose”.
Car, si aujourd’hui, tout le monde, ou presque connaît le ruban rose et sa signification, le nombre de dépistages stagne et semble se heurter à un plafond de verre. Il est donc « capital que chacun d’entre nous sensibilise ses proches et ses amies à l’importance de la prévention », insiste Laurence Pochard.
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