L’Hérault en mai, le Lot en juin… En attendant les Pyrénées-Oriantales, l’Aude, le Tarn ou encore l’Aveyron. Une fois par mois, à deux pas du Capitole, les Toulousains sont invités à découvrir les produits du terroir des différents départements de la région. Une série de rendez-vous baptisés Saveurs d’Occitanie, qui allient marchés, restauration et rencontres des producteurs. « Ce genre d’initiative incite le consommateur à la diversité », assure Pierre Ginebre, directeur de l’Institut régional de la qualité alimentaire (Irqualim), coorganisateur de l’événement.
Avec 243 produits sous sigle officiel de qualité et d’origine, l’Occitanie est la région comptant le plus d’appellations. Ail rose de Lautrec, anchois de Collioure, bœuf d’Aubrac, châtaigne des Cévennes et autres vins emblématiques… Autant de productions qui répondent à des cahiers des charges très précis et toujours plus stricts. Avec une dimension environnementale et sociétale de plus en plus pregnante. « Lorsque la reconnaissance a été accordée à ces produits, la problématique du développement durable n’était pas prise en compte de la même manière. Aujourd’hui, ces sujets s’intègrent pleinement dans la riche histoire des produits régionaux. La révolution est lente car elle implique de nombreuses contraintes techniques et financières, mais elle est bien en train de s’opérer », témoigne Pierre Ginebre.
Un « véritable mouvement de fond » qui, selon lui, est aussi impulsé par les consommateurs : « Ce sont eux, par leurs exigences, qui influent sur la qualité des produits ». Selon la grande enquête sur l’alimentation réalisée par le Conseil régional en 2018, à laquelle près de 100 000 personnes ont répondu, 96% des habitants d’Occitanie attendent une alimentation « respectueuse de l’environnement » et plus de la moitié des participants à cette étude anticipent une amélioration de la qualité dans les années à venir.
« La révolution est lente, mais elle est bien en train de s’opérer »
Autre chiffre révélateur : 92% des Occitans sont prêts à privilégier les produits locaux s’ils sont mieux identifiés et près de huit personnes sur dix sont prêtes à consentir un effort financier pour contribuer à la qualité de ces produits. Une proportion qui s’inscrit pleinement dans la tendance actuelle au retour vers une alimentation réfléchie. Ce n’est pas un hasard si « depuis cinq ans, le budget nourriture des Français est en augmentation après avoir connu une baisse constante depuis les années 1960 », comme le rappelle Pierre Ginebre. Dans la première région bio de l’Hexagone, qui représente le quart de la production nationale, ces aspirations des consommateurs se traduisent déjà en amont, chez les producteurs. Mais une alimentation responsable ne se limite pas à l’absence de pesticides.
Transmission des savoir-faire, sauvegarde des terroirs, bien-être animal, juste rémunération du monde paysan. Autant d’enjeux désormais pris en compte avec conviction. Du chasselas de Moissac au porc noir de Bigorre en passant par la préservation de cépages viticoles oubliés, les exemples mis en avant dans ce dossier en témoignent. Et cette liste est loin d’être exhaustive. Si la tendance est à la concentration des leaders de l’agroalimentaire, l’aide au maintien de petits exploitants reste la clé de cette mutation de la simple excellence à l’excellence responsable.
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