Même dans l’industrie souveraine, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Une aubaine pour les nouveaux prophètes du design, prêts à offrir un destin aux détritus.
Airbus fut le premier à y croire. En transformant les pièces détachées de ses avions de ligne en objet design sous la marque A Piece of Sky, portée par deux salariés, l’avionneur toulousain avait ouvert la voie à l’upcycling aéro. À mi-chemin entre idées déco des uns et préoccupations environnementales des autres, la tendance au recyclage industriel séduit sur toute la ligne. Il faut dire que les chaînes de montage sont d’intarissables sources d’objets à détourner. En Occitanie comme ailleurs.
« Réutiliser le surplus industriel, c’est profiter de tout l’appareillage technique »
Chutes, pré-séries, ratés, pièces de calage, purges, déclassements et autres excédents : 65 000 tonnes de déchets sont rejetées chaque jour en France. Lassé que jamais seconde chance ne soit laissée à la matière, Maximum Paris suit cette tendance et fabrique un mobilier efficace, looké et 100% recyclé. « Réutiliser le surplus industriel, c’est profiter de tout l’appareillage technique déployé pour sa transformation : machines, temps humain et savoir-faire constituent la véritable valeur des pertes de production », scande la marque. Tabourets en plastique moulé, barrières de sécurité de la Préfecture de Police transformées en banquettes, étagères en carbone issues des planchers d’Airbus A350… Des pièces artisanales à prix abordables pour remplir son intérieur, pas les bennes à ordure.
Il n’y a pas que les aéronefs qui en ont sous la carlingue, ni que les Français pour penser le nouveau design industriel. Plusieurs entreprises d’upcycling britanniques ont décidé de valoriser les parachutes militaires et dispositifs de freinage de certains appareils. Fabriqués à partir de nylon ultra-mince, les textiles solides sont transformés en fauteuils à bascule avec cadre en acier et en paravents d’intérieur du dernier chic, grâce à une collaboration entre l’agence de design Layer et le studio de mode Raeburn. De véritables pièces de collection présentées au London Design Festival en septembre dernier.
Si les designers inventifs peuvent tout imaginer, la matière première, ce sont les organisations de terrain qui se chargent de la glaner. Un partenariat, mains dans le cambouis, pour collecter et transformer les débris plastiques du globe. Soucieux de s’aligner sur les objectifs de l’ONU, le studio danois Mater vient de créer une chaise à partir de déchets de filets de pêche et de plastiques durs, s’associant à l’unique installation de recyclage des déchets de filets au monde, basée au Danemark. L’australien Spark & Burnish, fabriquant de boutons de portes, lance, lui, une gamme en plastique marin avec l’aide de Great Barrier Reef Foundation, qui œuvre à la préservation de la Grande barrière de corail. Merci les ONG.
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