Le musée d’Auch possède l’une des plus belles collections d’art précolombien. Pour la mettre en valeur, il s’est transformé, en un an et demi de travaux, en Musée des Amériques. Avec une vingtaine d’œuvres jamais exposée.
Exit l’entrée par la petite porte. Désormais, le visiteur pénètre dans le Musée des Amériques d’Auch côté jardin. En longeant une façade de pierre claire aux baies vitrées et voûtées, qui laissent entrevoir des sculptures. Le lieu sort de dix-huit mois de travaux, pendant lesquels les collections ont été inventoriées et restaurées. La nouvelle scénographie intègre une vingtaine de pièces qui n’avaient jamais été exposées. « Le but est d’être visible et lisible », résume le conservateur, Fabien Ferrer-Joly. Ainsi le musée des Jacobins, l’un des plus anciens de France, est devenu Musée des Amériques – Auch, mettant en valeur son exceptionnelle collection d’art précolombien, l’une des plus importantes après celle du quai Branly – Jacques Chirac à Paris.
Une fois passée la billetterie aux murs noirs, l’empereur Trajan accueille les visiteurs dans un puits de lumière. Au-dessus de la sculpture, dans les étages, des tableaux baroques andins colorés annoncent « une résonance entre différentes cultures », explique le conservateur. Le cheminement commence par les collections antiques et médiévales, et finit par une salle dédiée aux traditions gasconnes. Avec, à chaque palier, des œuvres d’artistes auscitains. Au rez-de-chaussée, fresques et mosaïques rappellent qu’Auch fut Augusta Auscorum. Le premier étage s’ouvre avec la partie égyptienne où gît un impressionnant sarcophage et d’autres trésors ramenés d’Égypte par l’un des conservateurs du musée.
Son successeur, Guillaume Pujos, s’est illustré à son tour en ramenant une centaine d’objets d’Amérique du Sud au tournant du XXe siècle. Des dons, acquisitions et dépôts enrichirent ensuite le fonds, jusqu’à former sept salles aujourd’hui. Pour faire apprécier les vitrines à leur juste valeur, Fabien Ferrer-Joly livre des clefs, dont la notion des trois mondes : le ciel, la terre et, plus bas, l’inframonde. Les animaux qui les caractérisent – l’oiseau, le félin et le serpent – se retrouvent sur les vases et sculptures des différentes vitrines thématiques, comme les sacrifices, la musique…
D’où le caractère sacré de la plume, qui représente ni plus ni moins que le divin, détrônant or et argent. Les choses ainsi posées, les deux salles des plumasseries sont abordées avec respect. Au mur, “La Messe de Saint-Grégoire” hypnotise. Le moindre millimètre n’est fait que de plumes. « Il n’existe que dix tableaux de plumes en France, sept sont ici », explique Fabien Ferrer-Joly. « C’est l’une des plus grandes collections en Europe. » Méconnue, elle a fait l’objet d’une exposition avec le quai Branly en 2016. Un « déficit de visibilité » que pourrait changer la nouvelle configuration du musée. Et son récent label Pole national de référence en art précolombien et en art sacré latino-américain.
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