Partie d’un petit groupe d’échange de bons plans sur Facebook, Wanted est aujourd’hui la plus grande communauté d’entraide et de solidarité en France. Moins fournie qu’à Paris ou Bordeaux, la troupe toulousaine compte tout de même 16 000 membres qui n’attendent qu’un signe pour rendre service et retisser du lien social.
C’est le genre de belle histoire dont raffole Internet. Celle de Wanted commence en 2011 à l’issue d’une soirée arrosée. Trois jeunes Bordelais fraîchement débarqués à la capitale pour leurs études créent un groupe Facebook pour échanger bonnes adresses et tuyaux logement. Huit ans plus tard, « Wanted Bons Plans » est devenu « Wanted Community », l’une des cinq communautés « les plus inspirantes au monde », selon le réseau social créé par Marc Zuckerberg qui lui a décerné une bourse de 1 million de dollars en septembre dernier.
C’est en novembre 2015, durant les attentats de Paris, que la vocation solidaire du réseau d’entraide a réellement vu le jour. « Ce soir-là, les messages de membres proposant d’abriter des gens ou cherchant à donner leur sang ont afflué en masse. Les fondateurs ont pris conscience d’un besoin profond et ont décidé de faire de Wanted un outil de solidarité au quotidien », raconte Audrey Esteves, salariée chargée d’encadrer la centaine de modérateurs bénévoles qui surveillent aujourd’hui les millions de posts de la communauté.
Wanted est aujourd’hui présent dans 86 villes en France mais aussi à Bruxelles, Londres, Barcelone, Lisbonne ou Dakar. Et recense en tout plus d’un million de membres. Le groupe toulousain va, lui, bientôt dépasser le cap des 16 000. Parmi les publications, tout y passe : un avis de chat égaré rapidement résolu, des recherches d’emploi, une demande d’adresse pour boire un coup, une quête d’hébergement le long du Canal du Midi pour une personne accompagnant un ami tétraplégique en vélo-fauteuil ou, encore, une commerçante offrant ses chutes de papier cadeau gratuitement… Le 8 décembre dernier, un post d’une certaine Maë Lya a fortement ému la communauté toulousaine. Elle expliquait rencontrer des difficultés financières et sollicitait de l’aide pour décorer son sapin de Noël et ainsi procurer « un peu de douceur à sa fille de 9 ans ». En retour, elle recevait une avalanche de propositions et finissait par poster une photo de l’arbuste paré de nombreuses boules et guirlandes.
« On ne soulève pas des montagnes, mais on déplace des tas de petits cailloux »
Pierre Miguel, lui, s’est inscrit il y a un an et demi, après une séparation : « j’avais besoin de bons plans pour récupérer des meubles et j’ai découvert un espace qui m’a poussé à m’ouvrir aux autres au lieu de me renfermer ». Un peu avant les fêtes, le jeune homme de 36 ans, qui travaille dans une entreprise de transport à Toulouse, n’a pas hésité à prolonger sa journée pour aider une Wantedienne à monter chez elle un canapé. « Pour me remercier, elle m’a proposé d’utiliser son véhicule. Je n’en ai pas besoin mais j’ai relayé le message sur le groupe. C’est l’esprit Wanted, une chaîne faite de plein de maillons. On ne soulève pas des montagnes mais on déplace des tas de petits cailloux », résume-t-il.
Parfois, la communauté accomplit tout de même des miracles. Elle a par exemple changé la vie de Joachim, SDF bordelais qui, après une annonce publiée sur le fil, a trouvé en quelques jours un CDI puis un logement. À l’initiative d’une membre parisienne, une maraude a été lancée dans la capitale qui réunit chaque semaine 250 personnes et a déjà distribué pas moins de 16 000 repas. Un premier café Wanted a même vu le jour à Bordeaux, avant un second à Paris. « C’est un endroit solidaire avec des collectes de vêtement, des consommations suspendues, des plats offerts et une partie du chiffre d’affaires reversé à des associations. C’est une manifestatoin de l’évolution de la communauté qui exprime le besoin de dépasser l’écran pour se rencontrer en vrai », explique Audrey Esteves.
À Toulouse, aucun projet de la sorte n’est pour le moment répertorié. « Il y a un nombre de membres charnière à partir duquel un groupe peut vraiment basculer dans des actions solidaires. Mais on sent, dans l’évolution des publications et des commentaires, que cela ne va pas tarder », analyse Maria Sikkal, Toulousaine d’origine qui assure depuis Paris la modération de l’antenne locale. À titre personnel, cette dernière est inscrite depuis trois ans et n’en retire que du positif : « Tous les jours, on tombe sur une opportunité d’agir ou sur une bouffée d’humanité qui donne du baume au cœur ».
« Une bouffée d’humanité qui donne du baume au cœur »
Et, pour toute une génération née avec la technologie, il n’y a aucun tabou à utiliser Internet pour se retrouver autour de valeurs simples comme l’altruisme. « Nous sommes tous tellement obnubilés par notre vie que nous nous mettons des œillères et que nous enfouissons nos bonnes volontés, observe Pierre Miguel. Spontanément, nous n’osons pas aller vers l’autre ni recevoir de l’aide. Wanted permet de briser cette inhibition et de faire sortir la solidarité que nous avons tous en nous ».
Commentaires
mees le 09/11/2024 à 17:58
toujours partant pour s entraider entre nous et donc creer un monde + chaleurex responsable et solidaire