Ramener de jeunes décrocheurs sur le chemin de la scolarité ou de la formation professionnelle. Un enjeu d’autant plus important au lendemain du confinement dû au coronavirus. Et c’est par le sport que l’association CVIFS de Toulouse tente d’y parvenir.
© Facebook CVIFS
« Nous utilisons le sport comme accroche auprès des jeunes, pour les pousser vers un accompagnement socioprofessionnel », indique Robin Ferreira, chef de projet au Collectif de Valeurs, d’Insertion et de Formation par le Sport et la Santé (CVIFS) à Toulouse. Fondée en 2015, d’abord sous le nom de Groupement Nautique Toulousain (GNT), l’association fait partie de celles qui privilégient le sport dans leurs démarches pour accompagner les jeunes en décrochage scolaire ou professionnel. « Ils sont parfois fâchés contre les institutions et peuvent avoir du mal à faire confiance aux structures. En proposant des activités culturelles et sportives, nous essayons de créer du lien avec eux », explique Robin Ferreira. Et c’est ce que Michaël Attali, professeur à l’Université Rennes 2, spécialiste des cultures sportives, des innovations sociales et culturelles et de l’éducation, affirme. D’après lui, la pratique du sport favorise la cohésion sociale.
Le CVIFS, qui intervient principalement dans les quartiers populaires, va donc jusqu’à organiser des séances de sport au pied des immeubles pour démarcher ces jeunes, âgés de 16 et 29 ans. « Cela change parfois des mentalités. Certains deviennent plus réceptifs à l’idée d’un accompagnement professionnel », affirme Robin Ferreira. En effet, en une année de travail sur le terrain, près de 10 000 jeunes ont accepté de donner leurs coordonnées et de recevoir des informations. Mais seulement quelques-uns s’engagent réellement. En 2020, le CVIFS a pris en charge 280 jeunes pour les guider vers l’insertion scolaire et professionnelle.
Le collectif ne se sert pas du sport que pour créer du lien social, mais aussi pour instaurer un rythme de vie. « Nous proposons des activités sportives quotidiennes avec un planning. Et nous avons remarqué que cela permet à certains jeunes de mieux s’organiser et de mettre en place un cadre structurant dans leur vie de tous les jours, notamment pour appréhender la réalité du monde professionnel », rapporte Robin Ferreira. Michaël Attali a lui aussi observé ce phénomène : « Les personnes en situation d’exclusion n’ont pas d’astreintes particulières et pratiquer du sport régulièrement leur permet de se réinscrire dans un agenda social et d’échange avec les autres ».
Ponctualité, collaboration, respect des règles, en plus de faire reprendre à ces jeunes une routine saine, le CVIFS souhaite leur inculquer des valeurs fondamentales afin de favoriser leur intégration sociale. « L’intérêt de l’insertion par le sport, c’est les valeurs. Le respect, le travail, le sacrifice… Autant de principes qui font du sport un vecteur d’éducation, notamment pour les plus jeunes », expose Michaël Attali. Il ajoute : « Et c’est par la mise en scène de ces valeurs dans le sport qu’elles se transmettent à ceux qui le pratiquent. Ces règles de savoir-vivre seront ensuite reproduites dans la vie sociale ». Grâce au programme d’accompagnement du CVIFS, mêlant activités sportives et ateliers d’aide à la recherche d’emploi, 40% de jeunes bénéficiaires ont trouvé un poste ou une formation. Quant aux 60% restants, certains se sont engagés dans un service civique ou un stage.
Wendy Le Neillon
En attendant, des initiatives visant à faire du sport un vecteur d’insertion sociale fleurissent dans toute la France. Et ce auprès de publics très variés. Qu’il s’agisse de football en marchant pour que les personnes âgées puissent garder un lien social, de karaté pour que les femmes victimes de violence se réapproprient leur corps, ou d’athlétisme pour aider les autistes à maîtriser leurs angoisses. Un petit échantillon des nombreux projets que le JT met en exergue dans ce dossier du mois d’octobre.
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