FICTION. Depuis plus d’une décennie, le projet de mega centre commercial Val Tolosa n’en finit pas de faire polémique. Et si pour sortir du conflit, béton et nature ne s’opposaient plus ? Dans un rapport réalisé sur le sujet dans le cadre du master 2 Risques, science, environnement et santé, des étudiants de Sciences-Po Toulouse évoquent ainsi l’idée d’un écoquartier comme alternative. Une piste que le JT a décidé de creuser.
Nous sommes en 2027. À Plaisance-du-Touch, les 44 hectares du plateau de la Ménude, longtemps objets d’une discorde, accueillent bien des commerces, mais aussi de l’habitat et des bureaux qui se fondent dans un décor où la nature a une place de choix. Une résidence partagée pour seniors est sortie du sol. Ses voisins ? Une école élémentaire et des terres agricoles cultivées biologiquement. Énergies renouvelables, réduction de la production de déchets et de la consommation d’eau par récupération des pluies, limitation de la voiture, développement des transports en commun et des pistes cyclables. Autant d’aménagements de l’espace répondant à la définition d’un écoquartier. Tout est en effet mis en œuvre pour respecter la biodiversité du plateau de la Menude et diminuer au maximum l’empreinte écologique du lieu sur la nature.
Retour en 2017. Coincée entre une zone industrielle et un ensemble de logements, la Ménude est encore bien loin de cette voie… Ce vaste terrain naturel, David* le connaît par cœur. Depuis plusieurs années, il lutte activement contre la construction du centre commercial. Pour ce militant, le site est déjà un projet en lui même. “Je ne comprends pas cette idée qu’un espace vide est inutile. Laisser la nature faire son œuvre, ne pas tout bétonner, avoir des espaces en ville où l’on peut voir les Pyrénées et un ciel étoilé, c’est aussi bien.”
Élu écologiste, Pascal Barbier se bat, lui aussi, contre le projet Val Tolosa et siège dans l’opposition municipale de Plaisance-du-Touch au sein de Réinventons Plaisance, une liste citoyenne. Bâtir un écoquartier, il ne serait pas contre. A condition que l’idée émane des citoyens. « Des logements HLM existent déjà dans cette zone, ils ont besoin de commerces de proximité, de petites entreprises pour se développer, de transports », détaille l’élu. Son écoquartier idéal ? Mettre les cultures maraîchères au centre du plan : « Si l’on revient à une situation de bocage, on peut mettre en place une agriculture paysanne locale sur le plateau de la Menude et aider les paysans avec une garantie de commandes publiques. »
Laisser une grande place au maraîchage, c’est aussi la vision de Jean-Yves Puyo, architecte-urbaniste et spécialiste de la construction d’écoquartiers. Le professionnel imagine une ceinture agricole qui ferait tampon entre les espaces d’activités du plateau et les habitats. « Un écoquartier est totalement faisable ici. Et il faudrait justement y intégrer des maraîchers. C’est nécessaire pour absorber les chocs des canicules qui sont de plus en plus nombreux. L’idée, c’est aussi que le maraîcher puisse résider dans un des immeubles collectifs et que sa compagne aille au bureau dans le même quartier.
C’est cette complexité d’espaces qui fait cohabiter des gens différents et fonde la qualité de vie d’un écoquartier », estime l’architecte. En France, ce modèle d’urbanisme est maintenant reconnu officiellement. Depuis 2012 et la création du label ÉcoQuartiers, 39 projets de ce type ont été labellisés par le ministère du Logement 98, autres sont engagés dans ce processus. Et bientôt la Menude ?
* Le prénom a été changé.
Dossier ” Val Tolosa : des alternatives en rayon ” :
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