En Occitanie, 90 Maisons pour enfants à caractère social (MECS) ont pour mission de protéger les plus jeunes, accueillis suite à un placement administratif ou judiciaire. À Quillan et Limoux (Aude), les MECS s’appuient particulièrement sur la pratique du sport pour les éduquer et les aider à s’insérer dans la société.
110 jeunes au total sont accueillis dans les Maisons pour enfants à caractère social (MECS) de Quillan et Limoux (Aude), dirigées par Manuel Vélicitat. « 95% d’entre eux sont ici suite à un placement judiciaire », explique-t-il. Âgés de 3 à 21 ans, certains ont été victimes de maltraitance, de viol ou encore d’abandon. « Notre rôle, en tant que personnel encadrant, est de les accompagner et de les éduquer comme une famille lambda le ferait. » Pour cela, une pratique socio-éducative ou sportive est indispensable. « Et ici, les jeunes sont plutôt attirés par le sport ! » souligne le directeur en souriant.
Manuel Vélicitat observe notamment que les jeunes étrangers placés sont friands de football ou de rugby : « Ils sont mieux acceptés par la population s’ils font partie du club de foot ou de rugby du village. » Le directeur constate également qu’évoluer dans une équipe sportive « leur permet de réussir leur acculturation, de tisser des liens, de construire un réseau, mais aussi de trouver un emploi, voire même de pratiquer un sport de haut niveau. » C’est d’ailleurs comme cela que l’un d’entre eux a pu signer au XIII Limouxin, une équipe de rugby à XIII sévissant en Nationale. « Ou encore, ce jeune Camerounais qui joue maintenant au rugby à XV au niveau international », affirme-t-il fièrement.
Outre les ateliers d’activité physique réguliers, les MECS de Quillan et Limoux organisent aussi des stages sportifs de découverte. Accessibles aux plus petits comme aux plus grands, ils aident le personnel éducatif à mieux adapter leur accompagnement et leurs interventions : « Grâce au judo par exemple, nous accédons à des informations très précieuses quant à leur développement. Si un enfant à peur du contact, cela peut potentiellement signifier qu’il a été victime de violences. Ce genre de détails ne sont pas forcément verbalisés par les enfants. » Gaëlle Villagorde, chargée du stage de judo a aussi constaté des progrès très rapides. « Le programme a duré trois jours et, dès le deuxième, j’ai senti que leur attention et leur application augmentaient, proportionnellement au respect et à la confiance qu’ils m’accordaient », explique-t-elle.
Pour elle, une pratique sportive régulière leur permettrait de gagner en estime de soi. « J’essaye de les placer dans des situations de réussite afin de les valoriser. Ils ont un grand besoin d’attention. Quant à la confiance envers les autres, elle est travaillée au travers l’acceptation des chutes par exemple », développe-t-elle.
Manuel Vélicitat et Gaëlle Villagorde sont unanimes : le sport est un vecteur essentiel pour travailler les valeurs citoyennes de respect des règles et de vie en société. « Le Judo leur permet d’apprendre à maîtriser leurs émotions, à ne pas gaspiller de l’énergie dans des situations de conflit par exemple, à mieux se concentrer, etc. ».
À Quillan et Limoux, d’autres sports sont proposés aux enfants tels que la natation, l’équitation, le tennis ou encore la gym… Des outils du quotidien pour les travailleurs sociaux.
Pauline Vilchez
En attendant, des initiatives visant à faire du sport un vecteur d’insertion sociale fleurissent dans toute la France. Et ce auprès de publics très variés. Qu’il s’agisse de football en marchant pour que les personnes âgées puissent garder un lien social, de karaté pour que les femmes victimes de violence se réapproprient leur corps, ou d’athlétisme pour aider les autistes à maîtriser leurs angoisses. Un petit échantillon des nombreux projets que le JT met en exergue dans ce dossier du mois d’octobre.
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