Toute personne ayant souffert de troubles psychiques liés au travail éprouve une forte appréhension à l’idée de reprendre son activité professionnelle. Pour Catherine Pourquier, professeur de management à la Burgundy School of Business de Dijon, cette étape doit être préparée.
©Editions JouvenceLorsqu’un salarié est victime d’un trouble psychique lié au travail, voire d’un burn out, un phénomène de distanciation vis-à-vis de son entreprise s’opère. Il s’agit-là d’un mécanisme d’autodéfense psychologique mais qui rend la reprise du travail plus difficile. « Cela peut aller jusqu’à un rejet total de l’organisation dans laquelle la personne évoluait professionnellement. Celle-ci ne représentant plus que l’origine de la souffrance », explique Catherine Pourquier, professeur de management, spécialiste des conduites du changement et du leadership, à la Burgundy School of Business de Dijon.
Ainsi, à l’approche d’un retour en poste, une forte appréhension est à craindre. « Généralement, l’employé a peur de ne pas reconnaître son entreprise, de ne plus se sentir à sa place », traduit l’enseignante-chercheuse, qui prévient des dangers d’une reprise précoce. Avant toute réintégration professionnelle, il est nécessaire de se poser les bonnes questions.
« Pour déterminer si l’on est prêt à réintégrer son poste, il convient d’être attentif à son ressenti. Savoir si l’on a envie de retrouver ses collègues, de travailler sur un projet, être de nouveau confronté au rapport avec la clientèle… selon les métiers », avance Catherine Pourquier.
Mais le plus souvent, lorsqu’une personne vit une telle épreuve, elle aura ensuite un besoin inévitable de changement. Il est alors indispensable d’identifier ce besoin : « Parfois, rester dans la même structure tout en modifiant le contexte matériel peut suffire. Par exemple en changeant de bureau ou de poste. Il est aussi possible de transformer ses conditions de travail en demandant un aménagement des horaires ou à pouvoir faire du télétravail. » Mais évoluer au sein d’une nouvelle entreprise est souvent nécessaire. Pour la spécialiste, il faut être à l’écoute de ses envies.
Et même, vouloir les muer en opportunité. Car le meilleur moyen d’appréhender un retour à l’emploi est d’y associer un épanouissement. « Il est alors impératif de faire le point sur ses valeurs, sur ce qui compte vraiment. Et souvent, cela aboutit à une réorientation professionnelle », témoigne l’experte. Les personnes souffrant d’un trouble psychique lié au travail confient généralement une perte de sens, un sentiment d’inutilité et de manque de reconnaissance. Ils avouent également s’être trop investis et développent une forme de surloyauté envers leur employeur. « Ils doivent donc se trouver de la valeur en dehors de leur professionnalisme », précise Catherine Pourquier.
Pour cela, elle recommande une meilleure écoute de soi : « C’est la clé pour se recentrer et ne plus être phagocyté par le travail. » Des exercices quotidiens de respiration, de méditation ou la pratique d’un sport peuvent aider à réguler ses émotions et ainsi évaluer justement l’urgence des demandes d’une hiérarchie trop pressante. Après un burn out notamment, la relation d’un salarié avec son emploi change. « Il est préférable d’être vigilant vis-à-vis des excès. Ne pas hésiter à se protéger. »
Titulaire d’un doctorat en droit privé et d’un master en ressources humaines, elle est professeur de management à la Burgundy School of Business de Dijon où elle enseigne les conduites du changement et le leadership. Elle a publié “365 méditations et exercices de pleine conscience” aux éditions Jouvence.
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