Isolation, orientation, agencement… Thibault Brändle, expert thermicien au sein du bureau d’étude Kalégos, fait le tour des points essentiels à envisager à l’heure de concevoir une maison bioclimatique.
Avant même le choix des matériaux de construction ou de son système de chauffage, concevoir une maison bioclimatique, c’est réfléchir à la manière de l’intégrer au mieux dans son environnement pour en tirer le meilleur parti. Que ce soit pour se protéger ou, au contraire, profiter des bienfaits du climat. Pour cela, Thibault Brändle, expert thermicien pour le bureau Kalégos, fait le point sur ces « systèmes passifs qui permettent de garantir du confort avec un minimum d’impact sur l’environnement ». En effet, orienter, isoler et agencer son habitation judicieusement permet de réduire significativement sa facture énergétique et son empreinte écologique.
Thibault Brändle conseille en premier lieu de privilégier une façade principale donnant sur le Sud. « Le rayonnement solaire qui entre par les fenêtres exposées dans cette direction est supérieur à la déperdition de chaleur qu’elles causent. Ce bilan s’inverse côté Nord. Il faut donc maximiser les ouvertures au Sud et les minimiser sur le mur opposé où, hormis pour gagner de la lumière, elles n’ont aucun intérêt », explique-t-il avant d’alerter sur leur bon dimensionnement.
« Il faut adapter la taille des vitres à celle de la maison et des volumes à chauffer. Bien que l’on conseille de grandes baies, il faut éviter l’effet véranda. Sinon, il faudra compenser par une forte isolation pour ne pas se retrouver avec un espace très froid en hiver et très chaud en été », détaille-t-il. De leur côté, les normes environnementales RT 2012 imposent, a minima, 17% de surface vitrée par rapport à la superficie habitable.
Ces différences liées aux variations de l’incidence solaire sur le bâtiment impliquent d’adapter ses choix au moment de poser ses fenêtres. On privilégiera du double vitrage au Sud, moins isolant mais laissant passer le rayonnement solaire, et du triple vitrage au Nord, plus isolant mais également plus opaque.
Enfin, si ces ouvertures permettent d’exploiter au maximum l’énergie calorifique du soleil, il ne faut pas non plus que celui-ci soit une source d’inconfort. « L’été, celui-ci tape directement sur les baies vitrées, cela peut devenir un enfer. Il faut donc prévoir des casquettes (petites avancées de toit, ndlr) et la possibilité d’occulter totalement, et par l’extérieur, ces fenêtres. Le but étant d’éviter absolument de climatiser », précise le thermicien.
L’agencement est également un point fondamental de la conception d’une maison bioclimatique. « Celle-ci doit-être la plus compacte possible pour éviter les ponts thermiques. Augmenter la surface des murs extérieurs, c’est toujours multiplier les zones de déperdition », précise Thibault Brändle.
L’idée étant de s’appuyer sur l’inertie pour diminuer les variations de température, l’expert préconise une isolation extérieure du bâtiment. « Il faut privilégier la masse côté intérieur. Prévoir un escalier, des cloisons ou une dalle en béton peut favoriser ce stockage calorifique. » Globalement, il est plus intéressant, à long terme, de chauffer les murs que l’air.
Ingénieur thermicien, il est diplômé de l’Institut national des sciences appliquées de Rouen. Il a travaillé pour GDF Suez comme spécialiste de l’efficacité énergétique des bâtiments avant de fonder le bureau d’études Kalegos.
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