Dans une même soirée, la chorégraphe française Myriam Naisy, qui ouvrait la saison d’Odyssud ce vendredi 26 septembre, s’attaque, avec sa compagnie, à deux monuments de l’histoire de la danse de ballet du XXème siècle, L’Après-midi d’un faune (1912) chorégraphié par l’immense danseur russe Nijinski et le révolutionnaire Sacre du Printemps (1913) de Stravinsky. Elle aborde ces deux massifs en les transposant sur des terrains nocturnes et surtout citadins, l’exact contraire de la lumière exotique et sauvage de ces chefs d’œuvres solaires. Le projet s’avère ambitieux mais il est peu réussi.
Macadam Faune démarre dans une atmosphère de fumoir de night-club, les nymphes de l’oeuvre originale sont ici des danseuses de cabaret. Mais la légèreté et le divertissement ne sont pas invités. C’est une circulation robotisée et linéaire des danseuses qui ouvre la pièce et crée un second anachronisme entre ce décor et la chorégraphie après celui du déplacement de cette oeuvre sylvestre dans un night-club. En perte de repères, nous nous raccrochons à la grâce du danseur-faune et de la nymphe principale enlacés dans une danse de séduction augmentée d’une érotisation recherchée par la chorégraphe. Ce passage entre le faune et la nymphe, ses pas de deux, nous offre enfin un peu de la fluidité qu’intérieurement nous appelons de nos vœux après la danse mécanique de départ.
Urban Sacre démarre dans un silence glacial, chacune des neuf danseuses, visages mornes s’avançant devant nous et s’installant sur leurs chaises disposées en cercle sur la scène. Puis la musique de Stravinski arrive d’un piano ou les mains des deux interprètes nous plongent de suite dans l’intensité de cette oeuvre qui causa un scandale à l’époque tant sa nouveauté fut provocante. Cette oeuvre dionysiaque nous emmène loin, dans le folklore, au sens noble, d’Europe Centrale avec ces sacrifices pour l’avènement du printemps, son chamanisme. Rien de tout cela ici, encore une fois le contre-pied. La pièce de Naisy ne contient pas la sauvagerie initiale, le rite païen qu’est le Sacre a disparu et nous voyons plutôt une chorégraphie très prévisible, enchaînée par des danseuses talentueuses mais trop disciplinées, pas assez ensauvagées.
En mettant en crise les arguments de ces deux pièces monumentales de la danse moderne, Myriam Naisy, toujours très exigeante et rigoureuse, ne réussi pourtant pas la transposition dans un monde urbain, cette dénaturation affadi les pièces malgré quelques sublimations de ses interprètes.
MM
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