Les apiculteurs assurent la survie des abeilles, en échange de quoi, ils exploitent le miel qu’elles produisent. Un rôle sur lequel revient Olivier Fernandez, président du syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées.
Ils sont plus d’un millier en Haute-Garonne. Il s’agit des apiculteurs. Leur mission : assurer la survie des abeilles dites domestiques. « Sans notre intervention, ces espèces seraient en voie d’extinction », explique Olivier Fernandez, président du syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées. Tout le travail repose sur la multiplication des individus, en particulier des reines. Le but étant de maintenir le renouvellement des colonies.
Pour cela, ils bichonnent leur cheptel d’apis mellifera, l’espèce domestique qui produit le plus de miel, la plus performante en termes de pollinisation. « Nous leur assurons un habitat que nous entretenons et surveillons leur état de santé », précise l’apiculteur. Une ruche pouvant abriter 40 000 à 60 000 individus, la vigilance doit être constante. Les visites à la colonie sont régulières pour vérifier l’activité des insectes et leur physionomie, notamment leurs ailes et la couleur de leur abdomen. Il faut également s’intéresser au couvain, aux œufs, examiner les détritus tombés sur la planche d’envol. Tous ces éléments sont révélateurs du bon état général de la ruche. « L’aspect extérieur nous permet d’établir un diagnostic, l’observation de l’intérieur de le confirmer », précise-t-il.
Un investissement réservé aux passionnés, comme l’indique Olivier Fernandez. « A ce jour, 90% des apiculteurs restent des amateurs, au sens propre comme au figuré ». Ils disposent de moins de 200 ruches et ne peuvent donc pas vivre de la production naturelle de leurs locataires. Leur rôle tient ainsi plus à la protection de l’espèce qu’à l’exploitation agricole.
Comme l’oiseau était envoyé dans les mines pour détecter les coups de grisou, les abeilles sont de véritables sentinelles de la biodiversité. En assurant leur multiplication, les apiculteurs revêtent un uniforme de vigie environnementale. « Nous observons constamment le comportement de nos spécimens et faisons office de lanceurs d’alerte sur la réponse de la nature à l’intervention de l’Homme », commente le président du syndicat, aux premières loges des effets de l’agriculture intensive et du dérèglement climatique.
Inscrit dans la protection des populations domestiques depuis 25 ans, l’organisation d’Olivier Fernandez œuvre indirectement pour les abeilles sauvages. « Attentifs à ce que nos colonies trouvent à butiner, nous travaillons à la préservation d’une flore saine et diversifiée. Cette lutte pour le maintien d’un environnement naturel bénéficie aussi aux autres espèces », poursuit-il.
Cela passe par un combat acharné contre l’utilisation de produits nocifs dans l’agriculture : « A Toulouse, il y a cinq ans, nous sommes notamment parvenus à faire interdire l’épandage aérien de pesticides », se félicite-t-il.
Tout l’enjeu réside dans la sensibilisation. « C’est une dimension incontournable de notre métier. Nous devons expliquer au grand public l’importance de la préservation d’un paysage naturel et sain. » Au travers de portes ouvertes, de stages, de conférences, d’ateliers, d’installations de ruches urbaines, les apiculteurs prennent le temps de la pédagogie. Une démarche essentielle pour saisir l’urgence de la situation.
Apiculteur spécialisé dans l’élevage de reines, Olivier Fernandez entretient également les 50 ruches de l’équipe scientifique du CNRS. Président local du syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées et secrétaire du Syndicat national d’apiculture (SNA), il s’est illustré par sa candidature au poste de ministre de l’Agriculture en 2018.
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