Chaque mois, à Toulouse, plusieurs centaines d’emplois sont proposés par l’intermédiaire de jobs dating. Un phénomène qui ne cesse de se développer et permet, selon Annie Dutech, responsable du département ressources humaines de TBS, de corriger l’inadéquation entre offre et demande.
Inspiré du modèle des speed datings, le phénomène du job dating, qui permet une première rencontre rapide entre une entreprise et une personne à la recherche d’un emploi, est en pleine expansion. Au cours du seul mois de juin, on en comptait pas moins d’une dizaine à Toulouse : une centaine de postes proposés par un groupe de fabrication de composants électroniques lors d’une soirée organisée au Stadium, 1 000 autres dans la restauration et l’hôtellerie à pourvoir au Crown Plaza ou encore 200 dans l’agroalimentaire au Grand Marché de Toulouse…
Pour Annie Dutech, professeur et responsable du département ressources humaines de Toulouse Business School (TBS), la première explication de ce succès est la volonté d’accélérer les processus de recrutement : « Dans les schémas classiques, tout doit être le plus objectif possible, avec un cahier des charges précis et un tri minutieux s’appuyant uniquement sur ce que contiennent les CV étudiés. Tout ce travail est long et exigeant, mais au final, on ne sait pas forcément à qui l’on a affaire ».
Ainsi, outre la minimisation du coût, l’avantage des jobs dating est, selon l’experte, de mettre les compétences relationnelles au premier plan. « Durant ces sessions qui permettent de voir un très grand nombre de personnes, ce sont ces ”soft skills”, comme on les appelle en ressources humaines, qui vont faire la différence au-delà des aptitudes techniques », précise Annie Dutech.
Les jobs dating peuvent être organisés par une entreprise ayant identifié des besoins urgents et volumineux, mais aussi par plusieurs sociétés d’un même secteur d’activité, des collectivités locales, des associations, ou directement par Pôle Emploi. La plupart du temps, ils sont décentralisés dans des lieux neutres, voire insolites, afin de se rapprocher au maximum de la population ciblée. « Les entreprises jouent sur l’aspect événementiel, c’est une manière de compenser le manque d’attractivité des emplois proposés. Des métiers auxquels n’auraient pas forcément pensé les personnes au chômage. Les jobs dating concernent rarement les postes de cadre », poursuit l’enseignante.
Pour les candidats, le processus s’avère en apparence plus ouvert puisqu’il suffit de s’inscrire pour participer et qu’il permet à ceux qui ne maîtrisent pas les codes du monde de l’entreprise ou qui ne sont pas à l’aise avec la rédaction d’un CV d’avoir les mêmes chances. Mais l’exercice a aussi ses limites : « À mesure qu’il se développe, d’autres codes émergent, notamment en termes de communication orale. Donner une bonne image de soi en seulement dix minutes n’est pas donné à tous. »
Pour autant, la spécialiste estime que, dans un monde des ressources humaines chamboulé par l’intelligence artificielle qui offre l’opportunité de cibler des profils spécifiques en se basant sur des algorithmes, les jobs dating sont une bonne évolution : « Ils permettent de garder un contact humain et laissent la possibilité aux profils plus atypiques d’accéder au marché de l’emploi. »
Bio : Titulaire d’un DESS en psychologie du travail, Annie Dutech est professeur et responsable du département Organisation responsable et ressources humaines de Toulouse Business School.
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