Dominique Escafit-Cola, gérante de l’agence de communication Akadom, n’aime pas donner des directives à ses salariés. Pour que son équipe atteigne les objectifs fixés, elle a formalisé une méthode de management innovante.
® Franck Alix« Je suis un électron libre. J’ai besoin d’autonomie. » C’est ainsi que Dominique Escafit-Cola explique le début d’une aventure, celle de la création d’entreprise. Lorsqu’elle prend la décision de monter sa propre société, elle occupe encore un poste de responsable de projets informatiques au sein de la marque Quiksilver. Un emploi que la jeune diplômée de l’École supérieure de commerce de Pau, option marketing et communication, a pourtant brigué par défaut, en pleine guerre du Golfe (1992), une période où il était difficile de trouver une situation.
Mais cinq ans plus tard, lorsque ses conditions de travail se dégradent, la réflexion d’une chasseuse de têtes lui revient en mémoire : pourquoi ne pas créer une agence de communication pour les petites et moyennes entreprises ? « J’avais alors une trentaine d’années, j’avais accumulé des compétences, et j’étais beaucoup plus sûre de moi. Je n’avais pas encore d’enfant. Le seul risque était financier et j’étais prête à le prendre », estime-t-elle. Accompagnée de sa sœur, développeuse Web, tout juste licenciée économique, elle créé l’agence de communication Akadom en 1999.
« Nous misons sur les compétences, non sur les seules qualifications »
Ensemble, elles prennent le parti de se spécialiser dans l’ingénierie, la santé et l’art contemporain. Un pari qui s’avère payant puisque, malgré le turn-over régulier de la profession, Akadom fête cette année ses 20 ans. Les interlocuteurs avec qui Dominique Escafit-Cola travaille ont et exigent un haut degré de technicité. Mais cela n’effraie pas la cheffe d’entreprise. Mieux, elle sait identifier leurs besoins et leurs attentes : « J’étais destinée à des études scientifiques mais, par esprit d’opposition à mes parents, et pour écouter mes envies créatives, je ne les ai pas poursuivies », livre-t-elle, en souriant.
C’est surtout en termes de management que Dominique Escafit-Cola espère faire la différence avec une organisation de travail innovante. Il s’agit d’envisager la collaboration avec les salariés de manière horizontale : « Nous misons sur les compétences, non sur les seules qualifications », déclare la gérante. L’objectif est de rendre le planning des tâches de chacun complémentaire. De ne pas s’en tenir à une fiche de poste figée mais de permettre à chaque collaborateur d’acquérir de nouveaux savoir-faire et, ainsi, de soulager un collègue, et vice et versa. Ils peuvent alors évoluer au sein de l’entreprise, développer leurs aptitudes et élargir leurs champs d’action. « Ce fonctionnement s’appuie beaucoup sur la confiance et sur l’esprit d’équipe », commente-t-elle.
Si cette pratique managériale est présent dans d’autres structures, elle n’avait pas encore été formalisée. C’est désormais chose faite puisque Dominique Escafit-Cola est en passe d’en établir un protocole précis. La méthode est pour l’instant en phase de test mais elle l’a déjà éprouvée depuis quelques années. Résultat : le chiffre d’affaires d’Akadom a doublé en quatre ans.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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