Et si nous faisions du biomimétisme à grande échelle ? Si nous nous inspirions de la façon dont les êtres vivants s’organisent et coopèrent ? Si nous réconcilions l’Homme, la nature et l’économie ? C’est l’objectif de la permaéconomie, portée par Emmanuel Delannoy, économiste et consultant en solutions biomimétiques pour les entreprises.
Tel le permaculteur qui enrichit son sol pour les futures récoltes, le permaéconome réinvestit dans l’humain, dans la société et dans les écosystèmes pour qu’ils prospèrent ensemble. L’idée est de changer notre modèle de production, destructeur de nature, de tissu social et d’emplois, en nous inspirant de celui élaboré par la nature. « La permaéconomie entretient les conditions de sa propre pérennité », aime à dire Emmanuel Delannoy, inventeur du néologisme. « Le mouvement a déjà commencé et les briques sont là : économie circulaire, coopération, finance participative, monnaies complémentaires, etc. Sur le terrain, on constate que ça marche. » On privilégiera alors le capital naturel au financier, et les gains de productivité de la matière et de l’énergie à ceux du travail.
Selon l’auteur de “Permaéconomie”, paru aux éditions Wildproject, ces nouvelles manières de fonctionner seront d’autant plus efficientes qu’elles respecteront l’un des principes fondamentaux de la loi de la thermodynamique qui régit l’univers : plus les échanges d’informations sont nombreux à l’intérieur d’un même système, plus il y a de coopération et de flux, plus l’utilisation de l’énergie est optimale. « Dans une approche permaéconomique, on va miser sur les besoins de chaque individu, sur les relations qu’il entretient avec les autres, sur ce qu’il apporte au groupe. Avec l’idée que le tout est toujours plus fort que la somme de ses parties, qu’une entreprise est plus forte que la somme des compétences de ses salariés », explique Emmanuel Delannoy.
« Si le pire arrive, la permaéconomie aura permis à la société d’être plus inclusive »
Ainsi, comme dans une forêt où les arbres et les champignons coopèrent et échangent pour mieux se développer, une entreprise sera plus rentable si elle s’allie avec un concurrent. L’économiste cite l’exemple d’un service de livraison à domicile commun entre deux restaurants. Ou celui du marché de l’éclairage urbain, autrefois segmenté et désormais organisé en groupements qui le rendent bien plus performant.
Créer plus de richesses et de bien-être sans accroître la consommation de ressources naturelles implique de transformer radicalement notre vision du monde : « Depuis l’invention de l’agriculture et encore plus depuis la révolution industrielle, nous avons horreur du hasard et de l’incertitude. Tout est cloisonné, simplifié. Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, eux, avaient conscience de la complexité de leur environnement », rappelle Emmanuel Delannoy, qui propose d’ajouter aux programmes scolaires des cours de compréhension du monde. De quoi vaincre notre peur du changement et redonner confiance en l’avenir, des conditions sine qua non à la performance économique. Pour autant, le théoricien est conscient de l’urgence écologique : « C’est pourquoi nous avons besoin au plus vite de relais, d’une chambre d’écho, pour changer d’échelle et assurer à tous un avenir souhaitable. Si le pire arrive, la permaéconomie aura permis à la société d’être plus inclusive. Elle favorisera l’émergence de poches de résilience. »
Entrepreneur, conférencier, il a participé à la création de l’Agence française de la biodiversité. Auteur de “Permaéconomie” et “L’économie expliquée aux humains”, parus aux éditions Wildproject, il travaille aujourd’hui pour Pikaia, une société de conseil en solutions biomimétiques pour les entreprises.
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Commentaires
ArnaudDemaria le 07/10/2024 à 14:24
Euh... Vous avez vérifié plus amplement le passé de ce monsieur? Je me demande ça, parce que j'ai l'impression que c'est du gros bullshit en puissance comme Pierre Rabhi ou Idriss Aberkane : le genre de personne qui se pointe avec un concept, et qui s'en fout plein les fouilles, alors que le fond de son discours est complètement creux. Ce concept de permaéconomie n'apporte rien de nouveau aux notions de développement durable ou d'économie sociale et solidaire : ça se sent que ce type n'est absolument pas économiste, pou réinventer l'eau chaude sans avoir vérifié que d'autres l'avaient déjà fait...