Vous vous interrogez sur la fin du monde ? Alors, rendez-vous aux cafés-collaps’. Des réunions dédiées à la compilation des informations liées aux théories de l’effondrement, que celui-ci soit environnemental ou sociétal. Lanceurs d’alertes ou conspirationnistes… Qui sont ces conviviaux amateurs de mauvaises nouvelles ?
Café collapsologie sur le thème de la biodiversité à Grenoble © café collapsologie GrenobleConnaissez-vous la collapsologie ? Ce courant de pensée apparu au début du XXIe siècle qui étudie les risques d’effondrements environnementaux et sociétaux et ce qui pourrait succéder à la société actuelle. Si ce n’est pas encore le cas, vous pouvez vous rendre à l’un des cafés-collapsologie qui sont régulièrement organisés en France.
Entre le café philo et la conférence, ces assemblées sont l’occasion de prendre des nouvelles (en général mauvaises) de la planète, avec une approche la plus scientifique possible. « Ces cafés fonctionnent comme une université populaire, nous y partageons les dernières connaissances en la matière », explique Nicolas Géraud, philosophe et politologue de formation, qui a lancé le principe à Grenoble en octobre 2018.
Ces réunions, qui se déroulent dans un esprit bienveillant et convivial, rencontrent immédiatement un franc succès. Dès le premier rendez-vous, plus de 70 personnes ont répondu présentes. « La collapsologie progresse très vite. Avant, nous étions facilement soupçonnés d’être paranos ou complotistes. Mais aujourd’hui, la charge de la preuve a été renversée », constate l’organisateur qui travaille comme consultant dans l’innovation.
Pic du pétrole, résilience territoriale, low-tech… Les sujets abordés sont aussi variés que nombreux. « La collapsologie n’est pas une discipline, mais un vaste champ d’études. Nous pouvons parler géopolitique, économie, climat, biodiversité… », précise Nicolas Géraud. D’ailleurs, la majorité des participants sont issus du milieu de la recherche, de l’ingénierie voire de l’urbanisme.
Lors de séances d’environ deux heures, une à deux fois par mois, des ‘’exposants’’ développent une thématique définie au préalable. Afin de garantir un « esprit scientifique constructif », cette société de collapsologues amateurs a instauré une méthodologie rigoureuse. « Tous les exposés sont signés et évalués par leurs auteurs. Ceux-ci s’attribuent eux-mêmes une note qui renseigne sur le sérieux des informations présentées et sur leur niveau de maîtrise du sujet », explique Nicolas Géraud. Une approche qui s’inspire de la zététique ou « l’art du doute » et consiste à distinguer, par l’étude rationnelle, ce qui relève de la science ou de la croyance.
« Nous ne sommes pas là pour faire du prosélytisme, mais pour faire la synthèse d’un tas de nouvelles », rappelle l’organisateur, qui concède que ces réunions peuvent-être parfois pesantes. « La plupart des participants sont déjà avertis. Même si c’est très sympa de partager une bière en écoutant une conférence, nous ne sommes ni un groupe de paroles autour de l’écoanxiété ni un lieu de production de solutions. Nous sommes là pour établir un diagnostic, à l’instar d’un collège de médecins confrontés à une maladie grave. Une fois informé, chacun est libre de faire ses choix en matière de politique ou de mode de vie », précise Nicolas Géraud. Alors si vous aussi, vous souhaitez être un instant au chevet de la planète, rendez-vous dans un café-collaps.
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