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RECONNAISSANCE. Elles représentent 95% des entreprises françaises et génèrent plus de 3 millions d’emplois. Elles, ce sont les TPE. Thibaut Cordonnier, responsable territorial de BGE Haute-Garonne, réseau associatif national d’aide à la création d’entreprises, revient sur ces sociétés nombreuses et pourtant isolées.
Thibaut Cordonnier, La Semaine des TPE organisée par BGE, vient de s’achever. Quel en était l’objectif ?
Nous souhaitons sensibiliser nos partenaires institutionnels, les élus et le grand public à l’importance de la création d’entreprises. Plus particulièrement, durant la Semaine des TPE, nous menons des actions pour faire connaître le poids des très petites entreprises dans le paysage économique local et en matière d’emplois. Pour cela, nous avons organisé une journée par département. À Toulouse, nous avons organisé une fin de matinée brunch le 31 mars dernier. Nous y avons abordé les aides en matière de recrutement, nous avons épluché les chiffres de la création d’entreprises et nous avons assisté au témoignage de chef de très petites sociétés.
Quelle est la mission du réseau BGE ?
Nous travaillons essentiellement avec les TPE. Nous favorisons la création d’entreprises surtout auprès d’un public en repositionnement professionnel et nous accompagnons les TPE déjà installées dans leur développement. Nous avons un rôle de conseil et de formation. En 2015, nous avons accueilli 2 500 personnes et permis à 514 nouvelles entreprises de s’implanter.
Vous luttez également contre les idées reçues qui entourent les TPE…
Souvent, nous entendons que les créateurs de TPE sont uniquement motivés par leurs seuls revenus, ce qui est faux puisque, souvent ils perçoivent moins que dans leur précédent emploi. De plus, la plupart du temps, les porteurs de projets sont essentiellement poussés par la volonté de créer une entreprise, le fait de gagner plus n’étant que très peu évoqué. Ils souhaitent d’abord créer leur propre emploi, être autonomes en termes d’organisation, développer une activité dans laquelle ils se sentent épanouis et moins dépendre d’autrui, que l’on parle de hiérarchie ou de licenciements possibles. Ils veulent être responsables de leur futur.
Quelles sont les principales caractéristiques des TPE ?
Essentiellement, le fait que le chef d’entreprise y est l’homme-orchestre et la plupart des compétences se trouvent dans ses mains. Aux vues du peu de salariés, 10 au maximum dans les TPE, il est d’autant plus impacté que son activité sera cyclique ou qu’elle subira des bonds, aussi bien positifs que négatifs. Il doit alors adapter son temps de travail et ses revenus. Ensuite, les TPE sont pourvoyeuses d’emplois non délocalisables et ancrés territorialement.
« Prendre conscience des différences entre une TPE et les autres entreprises »
En Haute-Garonne, quels sont le poids et le rôle des TPE ?
95% des entreprises sont des TPE, tant à l’échelle nationale que départementale. La majorité des emplois vacants se trouvent dans les très petites entreprises car les dirigeants ne parviennent pas à trouver de la main-d’œuvre, leur activité étant très diversifiée, mais aussi parce que le gérant n’a pas forcément le temps d’organiser suffisamment son recrutement. De même, le nombre d’intervenants dans l’entreprise étant faible, se tromper sur une embauche coûte beaucoup plus cher que pour une société plus importante, et pas seulement en termes financiers.
Quelles sont les principales inquiétudes des chefs de TPE ?
De très loin, c’est le carnet de commandes. Ils ont des difficultés à se projeter à trois, six ou dix mois, sur leur marché. Ensuite vient la complexité administrative, mais là, des solutions existent et le chef d’entreprise peut s’appuyer sur son expert-comptable ou des organisations qui l’accompagnent dans ses démarches.
De quoi souffrent les TPE ?
En y réfléchissant, peut-être de la reconnaissance par les pouvoirs publics de leur valeur sur les territoires ! Les discours valorisant les TPE sont assez récents et pas très importants. Cela est dû à la faiblesse de la culture entrepreneuriale chez la plupart de nos dirigeants, mais qui évolue de manière positive. Également, la faible connaissance des TPE par le monde de l’enseignement qui, du coup, ne transmet pas cette notion. Pour finir, les TPE sont souvent assimilées à des PME, or ces dernières peuvent être constituées de 500 salariés, ce qui n’est pas le cas des TPE. Une structure à 400 employés ne fonctionne pas du tout de la manière et n’a pas les mêmes préoccupations qu’une société de trois personnes. Le management, le recrutement, l’organisation ne sont absolument pas comparables, mais cela n’est pas pris en compte. Seules les Chambres de métiers et de l’artisanat mesurent ces spécificités. De même, les très petites entreprises sont très mal représentées par les organisations professionnelles.
Justement, les actions des pouvoirs publics sont-elles suffisantes ?
Nos dirigeants prennent, de plus en plus, la mesure de l’importance des TPE, en témoigne les aides au recrutement mais le problème n’est pas là, ce n’est pas les subventions qui vont permettre d’embaucher mais bien la création d’un contexte économique et social. Ils doivent absolument prendre conscience des différences entre une vraie TPE et les autres entreprises. Mais en reconnaissant une distinction, il existe un risque d’inégalité du salarié qui aura plus de poids dans une TPE, mais aussi plus de pression. Pour autant, c’est la considération de la réalité !
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