Un plan de restructuration des activités d’aérostructure d’Airbus et ses filiales a été annoncé, avec à la clé la création d’une nouvelle entreprise. Décryptage.
Le 22 avril 2021 s’est tenue une réunion du comité de groupe Airbus en France, réunissant la direction du groupe et les organisations syndicales (FO, CGC, CFTC, CGT). Cette réunion d’information a été l’occasion de discussions préalables au lancement du projet de réorganisation de la filière aérostructure de l’avionneur.
La direction d’Airbus propose la création d’une nouvelle société en France regroupant « les activités réalisées au sein des sites Airbus à Saint-Nazaire et Nantes avec celles opérées par Stelia Aerospace dans le monde entier », pour notamment « favoriser leur compétitivité ». Mais quels sont les enjeux de cette réorganisation ?
Dans la chaîne du système industriel airbusien, l’assemblage d’aérostructures est « un cœur de métier » à part entière, et un secteur stratégique. Il s’agit d’assembler ce qui constitue la structure de l’avion : le fuselage, qui est la carcasse en forme de fuseau constituant le corps d’un avion, les ailes, et les nacelles de réacteur, qui sont les supports des moteurs.
Les filiales d’Airbus, les équipementiers Stelia Aerospace (France) et Premium Aerotec (Allemagne), font partie des principaux fabricants d’aérostructures. L’activité est aujourd’hui éparpillée dans plusieurs usines d’Airbus comme Saint-Nazaire et Nantes, et dans ces deux filiales comptant plus de 12 000 employés au total.
« Nous sommes rassurés sur le fait que la direction d’Airbus reconnaisse la filière aérostructure comme cœur de métier, car en 2008 elle avait externalisé les sites spécialisés en vue de les vendre », observe Michel Molesin, représentant syndical CGT au comité de groupe Airbus. « Nous nous sommes battus longtemps pour empêcher cela. Aujourd’hui la société Stelia Aerospace n’est plus à vendre, elle va être renforcée avec les sites d’Airbus à l’ouest (Saint-Nazaire et Nantes) ».
Stelia Aerospace devrait donc changer de nom, une nouvelle entreprise étant créée avec les salariés d’Airbus et Stelia : « On va continuer à avoir deux entreprises, mais il va falloir négocier de nouveaux statuts, et on peut penser que la volonté n’est pas d’aller vers un alignement vers le haut… c’est une de nos inquiétudes », confie le syndicaliste.
Michel Molesin objecte qu’en 2020, Airbus « s’en sort avec un résultat d’exploitation positif et une trésorerie positive, même si l’entreprise n’atteint pas le niveau de rentabilité exigé par les actionnaires. Ils désindustrialisent notre pays pour aller produire à moindre coût. Il faut savoir qu’un avion est produit à 70% à l’extérieur des usines Airbus. Les sous-traitants tirent la langue car les donneurs d’ordre veulent préserver leur trésorerie. Nous craignons qu’avec ce genre de stratégies, la filière ne soit fragilisée ».
« Selon la direction, les aérostructures regroupent des métiers et activités à faible valeur ajoutée, par exemple dans la construction des pièces élémentaires. Stelia Aerospace a déjà de nombreuses filiales au Maroc et au Portugal, où les coûts sont plus bas, et nous craignons que ces délocalisations d’activités ne soient accentuées. La direction estime qu’on ne peut pas produire certaines pièces en France. A la CGT, nous sommes pour les coopérations internationales, mais nous ne sommes pas vraiment sensibles aux arguments de profitabilité et de rentabilité. Nous ne pensons pas que la vocation d’Airbus soit de faire toujours plus d’argent ».
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