Stratégie. La fusion des régions ayant également impacté la Caisse des Dépôts et consignations (CDC), une réorganisation a été nécessaire. L’activité 2015 reste cependant stable et 2016 présage de nouvelles priorités, emmenées par le nouveau directeur régional Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (LRMP), Thierry Ravot.
Thierry Ravot, 2014 avait été une année historiquement haute en termes de prêts, qu’en est-il de 2015 ?
L’année dernière a été pour la CDC radicale, et 2016 le sera également. D’abord, il a fallu piloter des changements énormes comme la mise en place d’une nouvelle direction régionale et mener une réforme institutionnelle pour retranscrire la loi Notre. Ensuite, parce que la CDC s’implique beaucoup auprès de ses partenaires, notre activité a été très soutenue pour rester au moins aussi importante qu’en 2014. En 2015, nous avons apporté plus de 1,6 milliard d’euros de financements* aux collectivités territoriales, aux bailleurs sociaux et au secteur sanitaire et social. Nous devons ainsi nous préoccuper de notre mutation tout en accompagnant celle des territoires et donc des collectivités. Nous avons mis en place une nouvelle organisation qui marque un tournant dans notre fonctionnement et appelons désormais la CDC : Caisses des dépôts et consignations des territoires. Nous accompagnons leur développement économique de manière contracyclique : lorsque nous sentons une économie en dépression, nous cherchons tous les moyens pour lui permettre de se relancer.
Comparé à 2014, le montant des prêts a donc augmenté. Comment l’expliquez-vous ?
Cela est dû dans un premier temps à une plus forte dynamique de la politique de la ville, et dans un second à la mise place de conventions avec les bailleurs sociaux pour réaliser de façon plus décentralisée nos financements en globalisant les prêts. Nous observons une très forte activité des bailleurs sociaux, la région étant attractive avec une population qui augmente de 0.9% par an. Cette hausse correspond à la tendance nationale puisque la CDC a débloqué 21 milliards d’euros de prêts sur toute la France, dont 17 milliards pour les logements sociaux.
Le soutien aux bailleurs sociaux avait été un des axes principaux en 2014, ce qui semble toujours être le cas. Combien de logements ont pu être construits grâce aux apports de la CDC en LRMP ?
En 2015, nous avons participé aux financements de 13 300 logements sociaux. De même, nous avons permis la réhabilitation de 31 000 habitations. En 2016, nous souhaitons faciliter les projets en profitant de l’épargne règlementée, c’est-à-dire le Livret A**, pour que le premier euro d’un projet provienne de la CDC. Nous savons que derrière nos financements, nous entraînerons d’autres partenaires qui permettront de générer de l’emploi. Notre nouvelle stratégie vise à mettre en place des plafonds d’engagement pour faciliter le financement : nous passons une convention et une contractualisation pluriannuelle. Par exemple, nous venons de signer un plafond d’engagement avec SA Patrimoine pour lui donner une visibilité sur 110 millions d’€ qu’ils pourront mobiliser pour plusieurs projets. Nous ne procédons plus opération par opération mais nous accordons une ligne de financement.
« Nous ne procédons plus opération par opération mais nous accordons une ligne de financement. »
La CDC est un financeur mais aussi un investisseur. Quel est le montant des financements de la CDC en fonds propres ?
Au niveau national, la CDC dispose 31 milliards d’euros en fonds propres, dont une partie est investie dans nos filiales et l’autre au niveau régional. En 2015, en LRMP, 6.2 millions d’€ ont été investis, sachant que nous avons un effet levier de 7 (pour 1 euro investi, 7 euros sont débloqués). Nous avons donc effectué plus de 50 millions d’€ d’investissements en direct, pour lesquels nous prenons des risques. Nous privilégions des projets qui correspondent à nos axes stratégiques, à savoir les transitions numérique, écologique, territoriale et démographique.
Quels seront les axes prioritaires, les enjeux pour 2016 ?
D’abord, nous allons aider la grande région à trouver son identité, ensuite nous allons tourner notre stratégie vers l’ingénierie des projets car la CDC doit aussi démontrer qu’elle est utile au territoire. Ainsi, nous allons réaliser un diagnostic pour identifier les filières régionales stratégiques et les soutenir en déclenchant une assistance à maîtrise d’ouvrage. De même, nous souhaitons mettre en place une contractualisation avec les collectivités territoriales comme nous l’avons fait avec les bailleurs sociaux. Quatre conventions stratégiques seront d’ailleurs signées courant 2016 avec la Région (projet Littoral 21), Toulouse métropole (3e ligne de métro), la ville de Montpellier (développement économique) et le Conseil départemental de l’Aude (tourisme). Ces contractualisations sont réellement un enjeu pour le futur.
*Ce chiffre ne prend pas en compte les financements des entreprises, pris en charge par la BPI, filiale de la CDC.
** La CDC est gestionnaire des Livrets A.
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