ESS. La 7e édition nationale de la Finance solidaire vient de s’achever, l’occasion pour Jean-Eric Florin, directeur de Midi-Pyrénées Actives, acteur majeur de l’économie sociale et solidaire, de revenir sur les actions, le bilan et les perspectives de l’organisme.
Jean-Eric Florin, quelle est la différence entre la finance solidaire et la finance classique ?
L’objectif de la finance classique est de créer une rentabilité sur le plan financier à partir d’un capital détenu par une personne sur des logiques de placements et d’investissements. Quant à la finance solidaire, sur le même mécanisme de captation de capitaux pour les investir dans des projets, le rapport de rentabilité est d’abord sociétal avant d’être financier. Nous cherchons à créer des emplois, à développer une économie faisant sens en termes de transition énergétique, de développement durable et de lien social. De plus, nous ressentons un besoin des citoyens de donner du sens à leur épargne, de savoir où va leur argent.
Quel est l’intérêt, pour un épargnant, de se tourner vers la finance solidaire ?
D’abord, il est possible de définir l’orientation que l’on souhaite donner à son épargne. La promesse que l’on fait à travers l’épargne solidaire est de donner la possibilité de faire un choix quant à la destination des capitaux confiés à un intermédiaire financier. Ensuite, nous disposons de supports d’épargne solidaire à capital garanti ou à rentabilité élevée, suivant la même mécanique que la finance classique, mais sur lesquels l’épargnant peut orienter ses capitaux.
Quelle est la part de l’épargne solidaire par rapport à l’épargne classique ?
Au niveau national, la finance solidaire représente 6.02 milliards d’euros, soit une augmentation de 28% en un an. Toutefois, c’est une goutte d’eau puisqu’elle ne couvre que 0.15% de l’épargne des Français. Notre objectif est d’atteindre les 1% d’ici 2025. L’épargne solidaire tend à se développer plus vite que les autres formes d’épargne.
Du côté des porteurs de projets, pourquoi solliciter un financement solidaire plutôt qu’un investissement classique ?
Les projets d’économie sociale et solidaire ont souvent des modèles économiques difficiles à comprendre par les financiers classiques car ils ont une visée sociétale et ne sont pas construits sur un objectif de rentabilité. Il est ainsi difficile pour ce type de projets d’accéder aux financements classiques. Lorsqu’ils se tournent vers un acteur financier de l’économie sociale et solidaire, ils ont alors plus de chance de débloquer un prêt. Ensuite, nos outils d’intervention sont moins chers, par exemple, au sein de Midi-Pyrénées Actives, nous sommes capables d’avancer de l’argent à 0%. Pour finir, les dirigeants d’entreprises de l’ESS sont sensibles au circuit de l’argent, il est donc important pour eux de mobiliser des capitaux issus de l’épargne solidaire.
En Midi-Pyrénées, MPA est un acteur majeur de la finance solidaire. Quelles ont été vos interventions pour l’année 2014 ?
Cette année, notre activité ressemble fortement à 2013 : nous avons financé près de 280 projets sur l’ensemble de la région, ce qui représente 6 millions d’euros d’engagements financiers de notre part. Cela a permis de créer 1 200 à 1 300 emplois.
En 2013, vous aviez annoncé la mise en place d’un projet « Cap jeunes » pour les créateurs d’entreprises de moins de 26 ans. Est-il d’ores et déjà possible d’en faire un premier bilan ?
Les jeunes sont enthousiastes, ont de l’énergie et des idées souvent innovantes mais ils ne sont pas armés sur le plan financier et n’ont ni l’expérience, ni les codes de ces milieux. « Cap jeunes » a pour objectif de leur donner accès à l’emprunt bancaire à travers une intervention en garantie, un travail d’intermédiation avec les banques et par la mobilisation du mécénat pour apporter 2 000€ de subventions. Aujourd’hui, nous avons financé 29 projets de créations d’entreprises et nous serons à 35, d’ici la fin de l’année.
Quelles sont les perspectives de MPA pour 2015 ?
Nous allons renforcer ce projet « Cap jeunes » dans un premier temps. Dans un second, nous souhaitons soutenir l’entrepreneuriat féminin par la mise en place d’un Fonds de garantie à l’initiative des femmes (le FGIP). Et dans un troisième, travailler sur l’émergence des projets d’innovation sociale via la création d’un incubateur initié en 2014, que l’on développera en 2015.
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