Optimisme. Expert économique de renom, Marc Touati était à Toulouse pour rencontrer les chefs d’entreprises du club Apm (Association du progrès du management). L’occasion d’exposer son analyse de l’économique de la France, déjà énoncée dans son dernier ouvrage « Guérir la France : la thérapie de choc ».
Marc Touati, vous êtes expert en économie, pourquoi souhaiter rencontrer des chefs d’entreprises et en particulier, ceux adhérents à l’Apm ?
C’est extrêmement important car le vrai drame d’un économiste est d’être déconnecté de la réalité. Ainsi, les rencontrer permet de répondre à leurs besoins de connaissance économique et de générer un échange où je perçois leur ressenti de terrain et identifie leurs préoccupations. Cela me permet de savoir ce qui compte aujourd’hui pour les entreprises et de faire une analyse plus fine de l’économie. Concernant l’Apm, je travaille avec l’association depuis 2007 et à l’occasion de la sortie de mon nouveau livre, ils m’ont proposé une rencontre. Cela me permet, entre autre, de démocratiser l’économie, la rendre plus accessible.
Vous avez dressé un diagnostic de l’état de l’économie française. Quel est-il ?
La France est malade d’une croissance trop molle (0.3% par an depuis 2008), de trop de rigidité, de trop de pression fiscale notamment sur les entreprises. Il faut la guérir non pas avec des « mesurettes » ou des placebos tels qu’on les pratique depuis des années, mais avec une vraie thérapie de choc. La loi Macron, par exemple, va dans le bon sens mais cela reste du « doliprane » quand on a besoin d’un traitement de fond.
Quelle thérapie préconisez-vous ?
Pas d’austérité car cette dernière est vouée à l’échec, la Grèce en est la preuve, mais plutôt redonner de l’oxygène à la France, aux entreprises et à l’ensemble des Français. Cette thérapie se compose de 10 mesures qui doivent être appliquées en même temps : baisser la pression fiscale des sociétés (IS) et des ménages (CSG) qui est une des plus élevée du monde, baisser la dépense publique notamment celle vouée au fonctionnement (augmentation de 100 milliards d’euros en 10 ans), fluidifier et moderniser le marché du travail en supprimant les 35h, baisser les charges qui pèsent sur les salaires, faciliter le financement de l’économie en assouplissant les règles prudentielles des banques et en créant des fonds d’investissement exonérés d’impôts, favoriser l’innovation en supprimant le principe de précaution, faire fonctionner la planche à billet par la BCE, faire de l’euro une arme pour la croissance, créer un budget fédéral européen et développer la culture économique des Français pour sortir de la lutte des classes.
« Entre l’extrémisme et l’immobilisme, il existe une alternative crédible qui peut sauver la France ! »
Vous dites que la crise menace la société française…
La Grèce en est l’exemple même et doit servir de leçon. Si nous ne restaurons pas la croissance et l’emploi aujourd’hui, il existe un risque de porter au pouvoir des partis extrémistes. En Grèce, cela a mené à la faillite ! Là est le vrai danger ! Dans mon ouvrage, je me projette en 2018, et imagine que les Français ont élu un parti extrémiste, que la France n’est plus dans la zone euro et donc est au bord de la faillite. Il faut absolument éviter ce scénario !
Finalement, vous êtes optimiste et pensez que la France a les moyens de sortir de la crise ?
Entre l’extrémisme et l’immobilisme, il existe une alternative crédible qui peut sauver la France ! Je suis donc optimiste. Les crises sont des phases d’opportunité, y compris pour les entreprises car elles développent des stratégies anti-crises en termes d’innovation, de développement international… La situation est difficile mais nous avons les moyens de sortir par le haut. C’est la bonne nouvelle : les mesures existent, encore faut-il que nos politiques aient le courage de les mettre en application.
Les Français y sont-ils prêts ?
C’est la grande question ! Je pense que oui si on leur explique, si l’on fait de la pédagogie économique. Il faudra donc, de la part des dirigeants, du courage et de l’exemplarité car ils ne peuvent pas demander aux Français de se serrer la ceinture et maintenir les dépenses de fonctionnement actuelles (70% de dépenses des collectivités locales). Il faut donc réagir et rapidement car après 2017, cela risque d’être trop tard ! Il faut garder espoir tout en tirant la sonnette d’alarme !
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