Innovation. Alors que Toulouse Métropole fait le bilan d’une année de démarche ‘’Smart city’’, un des spécialistes toulousains du numérique réalise le sien. Édouard Forzy, coprésident de la Mêlée numérique, revient sur les enjeux de Toulouse, ville intelligente.
Édouard Forzy, pouvez-vous d’abord revenir sur ce qu’est vraiment une smart city ?
Cette démarche consiste à repenser toutes les grandes fonctions d’une ville à l’aune des nouvelles technologies. Aujourd’hui, le numérique fait évoluer la manière de concevoir, d’améliorer et de faire fonctionner les activités liées à la ville, d’une façon globale. Le programme Smart city tel qu’il a été pensé par Toulouse Métropole comprend quatre axes : l’énergie, le transport et la mobilité, les seniors (population importante à Toulouse) et l’autonomie, et les services aux citoyens. Nous parlons donc de nouvelles technologies en y incluant les notions d’économies, de développement économique, de mieux-vivre et de développement durable.
Comment la Mêlée numérique s’est intégrée à ce projet ?
Toulouse Métropole a engagé une concertation des citoyens et des entreprises, et tous les acteurs de la cité concernant les quatre axes énumérés plus haut, en utilisant différents outils, dont le Laboratoire des usages. La Mêlée numérique était partenaire et a créé ce dispositif avec Toulouse Métropole. Ce dernier permet d’organiser des réunions participatives et collaboratives pour faire émerger des idées qui seront ensuite utilisées dans un programme global. Les propositions issues de ces concertations ont ensuite été intégrées au programme Smart city. Ainsi, 350 personnes ont participé à des ateliers à destination des seniors, d’autres, comme ‘’Hack the city’’ a proposé de réfléchir sur l’émergence de services aux citoyens. D’autres rencontres, destinées au grand public, étaient tournées sur les idées globales amenant au plan d’action du projet Smart city.
Concrètement, quels types de projets sont concernés par la Smart city ?
La Smart city se traduit par l’arrivée de la 4G dans le métro ou du wifi en ville. De même, de plus grands projets d’infrastructures comme le ‘’Smart Grid’’ d’ERDF, ou encore des expérimentations sur des maisons pour les seniors… La première étape était de faire émerger les idées, la deuxième de les tester et la troisième de les développer, de les déployer. La Mêlée numérique souhaiterait être désormais un peu plus active sous forme de comité de pilotage dans lequel les acteurs du numérique pourraient être associés. Jusqu’à présent, les démarches ont été confiées à un cabinet qui a déroulé son processus, mais maintenant que les grandes orientations ont été posées, il faut impliquer tout le monde pour passer à l’action.
« Toulouse pourrait devenir la capitale des objets connectés »
Quelles seront les retombées pour les entreprises toulousaines du secteur du numérique ?
Le principe de ce grand projet est d’y associer des fonds publics et privés, je pense donc que de grandes entreprises participeront au financement des projets par la suite. Quant aux PME et aux start-ups, étant plus agiles, elles seront sollicitées et donc financées pour mener les expérimentations. Il y aura un effet levier qui permettra à de petites entreprises de pouvoir se développer. Il s’agit véritablement d’un plan de développement de la métropole grâce au numérique.
Est-ce l’ouverture de nouveaux marchés pour les entreprises du numérique ?
Tout à fait ! Non seulement parce que des start-ups pourront négocier des partenariats inédits avec les collectivités, mais aussi parce qu’elles vont pouvoir créer de nouveaux besoins, élargir le champ de leurs compétences et donc intégrer de nouveaux marchés. Le développement des usages du numérique ouvre de nouvelles perspectives et, à l’échelle d’une ville comme Toulouse, cela promet une projection économique non négligeable. Ceci permettra de créer des emplois et une certaine dynamique économique, car Toulouse peut ainsi garder de petites entreprises sur son territoire.
Peut-on parler d’une nouvelle ère pour la métropole ?
Le numérique est l’avenir des grandes villes, il ne faut pas qu’elle rate ce tournant déterminant pour leur développement. Cette démarche de Smart city devrait transformer le paysage de nos villes. Comme le dit Carlos Moreno (expert international de la smart city, ndlr), Toulouse est plutôt en avance comparé à d’autres métropoles, en tout cas dans les intentions. Ce dispositif est structuré et la ville rose aura les moyens de le développer si elle associe intelligemment les acteurs de la cité pour qu’ils participent à cette construction. Une collaboration entre les collectivités, les citoyens et les entreprises me semble indispensable, notamment dans ce contexte où l’argent public vient à manquer. C’est la clé du succès.
Toulouse est donc une ville propice à cette démarche Smart city…
Notre ville laisse beaucoup de place à l’innovation et aux start-ups. De même, la présence de nombreux clusters et l’IOT Valley contribuent au rayonnement de la ville sur le plan du numérique. Sigfox par exemple (spécialisée dans les objets connectés), est un atout certain, car si l’entreprise parvient à ses objectifs internationaux, Toulouse pourrait devenir la capitale mondiale des objets connectés. Sur le papier, cette démarche est donc séduisante. Les retombées peuvent en être énormes tant au niveau économique que du développement du territoire.
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