Casting. Macron a choisi le repreneur privé de notre aéroport. Mais beaucoup de questions restent sans réponses.
Par Philippe Motta et Thomas Simonian
Évoquant la vente de l’aéroport toulousain dans son édition de vendredi, le quotidien en ligne Médiapart parlait de « scandale d’Etat ». Selon ses informations, l’affaire se serait réglée en marge de la réunion de l’Agence des participations de l’Etat (censée opérer le choix définitif), au profit d’un « consortium » réunissant un groupe canadien radié par la Banque Mondiale, et un groupe chinois basé dans des paradis fiscaux. En dépit de ces soupçons, la Région Midi-Pyrénées, le Département, la CCI et Toulouse Métropole –coactionnaires de l’aéroport – n’ont pas estimé devoir commenter. La chambre de commerce évoque une « clause de confidentialité », dont on ne connaîtra pas la nature, pour ne pas avoir à évoquer la perspective d’accueillir ce tandem à l’aura sulfureuse. Même silence souverain du côté de Toulouse Métropole où son président, Jean-Luc Moudenc voit dans cet article « une attaque contre Emmanuel Macron », le ministre de l’Economie en charge du dossier, lequel serait la cible « d’une presse à sensation ». Et ce, sans toutefois préciser si la teneur des propos de la « presse à sensation » a été vérifiée. Comme Toulouse, la Région Midi-Pyrénées semble bien ne pas s’inquiéter de savoir auprès de qui elle s’assiéra dans les prochains conseils d’administration. L’éventualité de siéger au côté de cet attelage présumé, n’inspire pas de commentaire particulier à Martin Malvy qui réitère l’antienne bien connue de la chèvre et du chou : « la puissance publique doit rester majoritaire dans le capital ». Même son de cloche triomphant au conseil général où Pierre Izard « attend la décision avant de se prononcer ». Ainsi, nul ne semble avoir cherché à évaluer la pertinence des révélations de Médiapart quant à la qualité des repreneurs, lesquels auraient en outre été choisis « en coulisse ».
“N’y aurait-il pas un accord déjà scellé entre Airbus et les Chinois ?”
Seul, dans ce concert, Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique social et environnemental régional (CESER), dénonce, comme il l’a toujours fait, « une privatisation inquiétante » et regrette «le silence un peu trop assourdissant de l’orchestre régional ». Pour l’ancien maire de Toulouse, Pierre Cohen, l’incompréhension est le maître mot : « C’est un équipement qui est dans le coup, et qui ne perd pas d’argent. Nous n’avons pas besoin de compétences privées. Il n’y a aucune raison de privatiser. » Des interrogations relayées également du côté des salariés de l’aéroport : « Il est tout de même étonnant que l’Etat puisse vendre ses parts à un fonds d’investissement aux capitaux douteux », commente Christophe Gras, délégué syndical CGC. Et d’ajouter en attaquant les élus locaux : « Il est étonnant de voir les commentaires actuels car la privatisation est en réalité en cours depuis 2007, et personne ne s’en était alors offusquée. » Pour ce responsable syndical l’envers du décor interpelle : « Il y a un véritable aspect politique dans ce dossier. N’y aurait-il pas un accord déjà scellé entre Airbus et les Chinois ? » Ce qui expliquerait alors le silence assourdissant de l’avionneur européen…
La rédaction
Le Journal toulousain est un média de solutions hebdomadaire régional, édité par la Scop News Medias 3.1 qui, à travers un dossier, développe les actualités et initiatives dans la région toulousaine. Il est le premier hebdomadaire à s'être lancé dans le journalisme de solutions en mars 2017.
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Commentaires
bguilha le 01/11/2024 à 12:30
silence assourdissant du journal Toulousain aussi malheureusement.
pourquoi les enquêtes de Mediapart ne sont pas faites par la presse locale toulousaine ?...
bguilha le 01/11/2024 à 15:37
ça arrive un peut tard, non ?