Les anciens salariés du transporteur viennent d’obtenir une importante victoire en justice. Mais le traumatisme reste bien présent, notamment pour les 132 personnes qui travaillaient sur le site de Bruguières.
Christiane Daunas, ancienne déléguée CGT de Mory Ducros à Bruguières, se souvient des conditions de la liquidation du groupe de transport et de sa reprise éphémère par le même actionnaire, Arcole Industries, sous le nom de MoryGlobal au printemps 2014. « Nous étions tous là, en file indienne dans le couloir. Le directeur nous recevait un par un simplement pour nous dire : ‘Toi, on te garde’ ou ‘toi, tu es viré’. Aujourd’hui encore, certains ont besoin de reparler de ces moments traumatisants. La rancœur est toujours là, la douleur aussi », relate-t-elle. Au niveau national, seulement 2200 des 5000 salariés avaient été repris par MoryGlobal, à son tour liquidé un an plus tard. Sur le site du nord toulousain, une soixantaine sur 132.
Sur ces premiers licenciés, dix-neuf ont pu retrouver un CDI et trois autres un CDD de plus de six mois. Sept ont pris leur retraite, cinq sont intérimaires et quatre ont ou vont créer leur entreprise. Mais surtout, trois de ces anciens salariés sont décédés et sept connaissent des problèmes de santé qui les empêchent de retravailler. « Un lourd tribut », déplore Christiane Daunas. « Il est impossible d’établir un lien direct, mais on sait qu’une personne en souffrance voit souvent les conséquences sur son état de santé », appuie Sandrine Floureusses, vice-présidente du conseil départemental, qui a suivi le dossier de près en sa qualité de présidente du comité de bassin d’emploi local. Une structure qui a reçu l’aide des services de l’État pour mieux appréhender le secteur de la logistique et ainsi renforcer l’accompagnement des salariés.
« La décision du Conseil d’État crée beaucoup d’espoir »
L’élue continue de s’impliquer auprès de ces personnels ainsi que de ceux licenciés avec la disparition de MoryGlobal, dont une quinzaine ont déjà pu retrouver un poste. Pour la plupart en CDI. « Au sein de la zone Eurocentre notamment (à Castelnau-d’Estretefonds, NDLR), les acteurs du transport ont récupéré les anciens clients du groupe. Cette activité supplémentaire génère de l’emploi », constate Sandrine Floureusses.
Parallèlement, les ex-Mory Ducros poursuivent leurs actions en justice. Ils viennent d’ailleurs d’obtenir une victoire importante en ce mois de décembre puisque le Conseil d’État a confirmé l’annulation du plan social. La plus haute juridiction administrative a estimé que le transporteur n’avait pas respecté « les critères d’ordre » légaux (situation familiale, ancienneté, etc.) au moment d’établir quels employés seraient repris par MoryGlobal. « Cette décision crée beaucoup d’espoir », souffle Chritiane Daunas. Si les personnels ne pourront évidemment pas prétendre à leur réintégration, les entreprises ayant disparu, ils pourront en revanche tenter d’obtenir une compensation devant les prud’hommes.
Le combat judiciaire continue également devant le tribunal de grande instance de Bobigny. Les anciens salariés du groupe, né fin 2012 de la fusion de deux entités moribondes – le transporteur Mory et la société Ducros, ex-branche messagerie du géant DHL en France – y accusent l’actionnaire Arcole Industries de « défaisance sociale ».
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