RECHERCHE. PDG d’Agronutrition, Cédric Cabanes a traversé plusieurs vies professionnelles et a toujours trouvé les ressources pour avancer et nourrir ses passions, l’innovation et la chimie verte.
Son obsession : réconcilier l’urbain avec l’industrie, chimique en particulier. A Toulouse, l’entreprise est encore plus ardue suite au traumatisme lié à l’explosion de l’usine AZF. Mais qu’importe, « je me battrai pour que les citoyens perçoivent tous les bienfaits que peut leur apporter l’industrie chimique », persiste-t-il. Depuis toujours, Cédric Cabanes est attiré par cette science qu’il étudie : il passe une maîtrise de physique-chimie, un DEUG de biologie, et intègre l’Ecole nationale supérieure agronomique à Toulouse. Il enchaîne ensuite ses premiers emplois de commercial-marketing chez Shell puis dans l’entreprise allemande KWS. Cette dernière ferme avant qu’il ne rejoigne Stauffer, filiale française d’Imperial chemistry industry pour y occuper un poste de chef de produit. Mais dans les années 1990, il contracte le virus de l’entreprenariat et crée, avec deux collaborateurs, la start-up A2C Cosmétologie, spécialisée dans le conseil aux pharmaciens. Mais une erreur stratégique oblige Cédric Cabanes et ses associés à déposer le bilan en 1995. Il part alors pour Cognac et intègre la Maison Frédéric Renaud (MFR) pour tenter de la redresser. Pendant 18 mois, l’homme travaille d’arrache-pied et parvient à retrouver l’équilibre, mais dans les plans des actionnaires, la personne qui redresserait l’entreprise et celle qui la développerait par la suite, ne sont pas les mêmes. « J’ai compris que je n’y avais pas d’avenir et, en même temps, la Société commerciale des potasses d’Alsace (entreprise étatique) me chassait pour filialiser leur département d’oligo-fertilisant en vue d’une privatisation », précise-t-il. Il intègre la SCPA en 1997 qui devient Agronutrition en 2000.
« L’homme doit être au cœur d’une entreprise »
Mais en 2001, situé aux abords de l’usine AZF, l’entreprise est détruite suite à l’explosion. Une épreuve qui conduit Cédric Cabanes, sur ordre de sa direction, à annoncer à son équipe l’arrêt de l’activité… mais à sa grande surprise, ses collaborateurs refusent. Avec eux, et l’aval du Conseil d’administration, il se bat alors pour relancer la machine, son PDG lui assurant le maintien de la trésorerie mais aucun investissement supplémentaire pour privatiser la société. « Retrouver un terrain pour une entreprise chimique après AZF a été difficile. J’ai alors eu l’idée d’insérer la notion de développement durable que je venais moi-même de découvrir, dans notre nouveau business plan », explique-t-il. Choisie par contrainte donc, cette notion va pourtant changer la vie de Cédric Cabanes car non content de débloquer la situation (Agronutrition s’installe à Carbonne, lui et les salariés rachètent leur entreprise) il prend en marche le train du Grenelle de l’environnement et le CA décolle enfin. Le PDG d’Agronutrition évoque une prise de conscience : « J’ai affronté mes échecs, su profiter des opportunités et j’ai conforté mon idée que l’homme doit être au cœur d’une entreprise ! De même, ma découverte du développement durable a transformé ma façon de voir l’industrie » Justement, c’est ainsi qu’il souhaite rapprocher la chimie des citoyens : « démontrer que celle-ci peut être salutaire. » Pour convaincre, il travaille sur un nouveau projet, celui d’un parc thématique installé dans la région toulousaine réunissant l’agriculture, l’industrie et le grand public.
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