Groupe emblématique de Toulouse issu de la lignée festive et militante des Motivés et de 100 % collègues, Les Grandes Bouches continuent à se renouveler depuis dix ans sans dévier de la voie qu’ils ont choisi. Ces fêlés du vocal achèvent leur “Tournée mondiale de Toulouse” à l’Astronef le samedi 28 avril, avant la sortie de leur nouvel album.
DRTout est dans le nom. Dans Les Grandes Bouches, il est bien sûr question de cette partie du corps qui tient une place centrale dans le projet. « Le chant à plusieurs voix est notre raison d’être. C’est quelque chose qui réveille la mémoire commune entre tous les humains. Partout où nous avons joué dans le monde, il y a une vraie rencontre qui s’installe grâce aux voix. Les mots peuvent séparer alors que le chant rassemble », assure Philippe Dutheil, membre fondateur du groupe. Mais ces bouches-là ont aussi la particularité d’être « Grandes ». Un titre à prononcer avec l’accent du sud, qui en dit long sur le caractère revendicatif des loustics.
Car ces derniers sont à la fois les précurseurs et les héritiers d’une certaine tradition de la chanson militante à la toulousaine. Celle que tout manifestant a au moins entendu une fois en battant le pavé sur les boulevards derrière un camion où une sono crache ces chants qui donnent à la lutte un air de fête. Issus des fameux collectifs Motivés et 100 % collègues, Les Grandes Bouches sont aussi à l’origine du premier. « Nous avons créé les Motivés dans ma cuisine avec Mustapha Amokrane de Zebda. Nous avions envie de dénoncer les dysfonctionnements de la société. Mais de le faire sans se morfondre, que la musique donne du baume au cœur et l’envie de danser. À la fin de l’aventure, nous n’allions pas faire la revanche, alors nous avons décidé de nous engager sur la voie de la voix », récite Philippe Dutheil.
Aujourd’hui, Les Grandes Bouches continuent de prouver que poésie et revendication sont loin d’être incompatibles. Pour ce nouveau tour de chant, intitulé Chansons aiguisées, le collectif à géométrie variable s’est adjoint les services de jeunes musiciens talentueux. Et enrobe les textes d’Aragon, du poète Francis Ricard, de Magyd Cherfi ou de Philippe Dutheil himself avec un sens savoureux du swing. « Nous fonctionnons comme une compagnie de théâtre. Les Grandes Bouches ont toujours été un concept ouvert et tous ceux qui y contribuent amènent ce qu’ils sont. C’est le cas de ces jeunes musiciens qui nous ont apporté un son plus urbain et actuel. On flirte avec le slam et l’électro », se réjouit Philippe Dutheil.
Une décennie après leurs débuts, Les Grandes Bouches s’offrent donc avec cette nouvelle formule la ” Tournée Mondiale de Toulouse ” dont ils rêvaient. Trois dates dans la Ville rose pour rendre hommage à ces clubs où l’on joue à un mètre du public et où l’on grandit. Si le paysage a changé en dix ans – le Taquin s’appelait le Mandala et l’Astronef n’existait pas – « la problématique est toujours la même, le manque cruel de ce genre de lieu », selon le musicien. Jusqu’à la sortie du nouvel album Je te salue ma rue, ce tour de chant sera accompagné par des publications régulières de clips. Des vidéos « façon Grandes Bouches ». Car si le groupe sait s’adapter à l’air du temps, il reste fidèle à sa manière de faire : l’artisanat.
Infos pratiques
Samedi 28 avril à 21h à l’Astronef
Chorale pour tous
Depuis dix ans, Les Grandes Bouches s’engagent en tant que musiciens-citoyens à partager leur univers avec le public. Le groupe a ainsi développé une action pédagogique complète autour du chant choral et de la percussion corporelle via des stages et des ateliers qui s’adressent aux choristes amateurs, aux chorales déjà créées ou aux étudiants en Français langue étrangère (FLE).
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