Après des années de valse-hésitation, la compagnie La Machine et sa tribu de géants débarquent à Toulouse pour ce qui s’annonce comme un événement culturel majeur. Rencontre avec François Delarozière, le créateur de La Machine.
© LaMachineDu 1er au 4 novembre, pour célébrer l’installation de la compagnie La Machine dans la Halle des mécaniques de Montaudran, vous avez imaginé une incroyable déambulation dans les rues de Toulouse, avec de nombreuses machines géantes et le très attendu Minotaure…
François Delarozière : Plus qu’une déambulation, c’est un véritable spectacle, intitulé “Le gardien du temple”, qui va se dérouler en plusieurs actes. Nous nous sommes inspirés de la mythologie grecque et du passé antique de la Ville rose pour créer cet événement. Ce sera une façon de présenter aux Toulousains cette armada de machines qui vont s’installer ici. Il s’agit aussi d’ancrer ces machines dans l’imaginaire collectif, en racontant une histoire à toute la ville. J’ai envie de faire rêver. Les machines seront à la Halle des mécaniques de Montaudran pour un long moment. Elles partiront voyager dans le monde entier, puis elles reviendront. Elles seront, tout comme le Minotaure, les ambassadrices de la ville à l’étranger.
Votre univers se base sur le mouvement et sur un dialogue permanent entre vos créations et l’espace urbain dans lequel elles se déploient…
Absolument. Pendant quatre jours, nous allons faire de la ville un immense théâtre et nous allons inviter les Toulousains à découvrir leur cité sous un autre jour. Quand les machines, dont certaines mesurent près de 15 mètres de haut, vont passer dans les rues, chacun sera obligé de basculer la tête et poser un regard différent sur des lieux familiers que l’on appréhende souvent par leur seul aspect fonctionnel. Lorsque l’on traverse une rue, un carrefour, on fait attention où l’on met les pieds, ce qui est logique, et l’on oublie de lever les yeux. Le spectacle va essayer de révéler la ville, car les machines utilisent les façades, les balcons, les arbres ou encore les réverbères comme de véritables accessoires, des décors de théâtre. La ville deviendra elle-même un théâtre. Il a fallu mesurer la largeur des rues, la solidité des ponts et des édifices. Ce sera un challenge colossal de réussir ce spectacle dans Toulouse, qui est une ville aux rues étroites, et alors même que l’on attend beaucoup de monde. Il y a une certaine excitation à l’idée de voir enfin ces machines géantes se mettre en marche sous les yeux des citadins.
« La ville deviendra elle-même un théâtre »
D’où vient cette sensibilité artistique ?
Déjà, lorsque j’étais étudiant aux Beaux-Arts, je m’intéressais à l’espace public et aux paysages en général. Je travaillais souvent à l’échelle d’une ville, sur une carte, en traçant des lignes, en dessinant des formes. J’avais envie de me confronter au réel, au quotidien, pour agir artistiquement au sein même de cette réalité. Par la suite, quand j’ai commencé à tourner avec la compagnie Royal de Luxe, je me suis initié à cette forme dramatique et ces grands spectacles déployés dans les rues. »
Propos recueillis par Nicolas Rivière
©LaMachineAprès son périple dans les rues de Toulouse, le Minotaure et son araignée géante s’installeront à la Halle de mécaniques, dans le quartier de Montaudran, près de la Piste des géants. Plus d’une centaine d’autres créatures attendront les visiteurs à partir du week-end d’inauguration des 9, 10 et 11 novembre.
Du 1er au 4 novembre, La Machine traversera la plupart des quartiers du centre-ville, pour lesquels des déviations seront mises en place : Carmes, Jean-Jaurès, Jeanne-d’Arc, Saint-Aubin, Saint-Cyprien, Saint-Georges, Saint-Michel, Salin, Victor-Hugo et Bayard.
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