INÉNARRABLE – Brice Christen publie son deuxième roman « La vérité sort de la bouche des adultes ». C’est l’histoire « improbable et impossible » d’Oscar, un homme qui se réveille après dix années de coma suite à un accident … de trottinette. Facebook a disparu et les suicidaires, s’ils sont récidivistes, sont condamnés à mort. Quant à la présidence de la République, c’est Julien Lepers qui est aux commandes.
Par Kevin Figuier
A l’instar de « Qui veut l’amour prépare la guerre », le second roman de Brice Christen « La vérité sort de la bouche des adultes » est publié en auto-édition avec Amazon. Une aubaine pour l’auteur qui préfère voir dans cette contrainte le fait de ne pas devoir obéir à l’exigence d’ « une date de publication » fixée par un éditeur.
Le roman de Brice Christen nous téléporte en 2025 et se focalise sur la vie d’un personnage, Oscar. Victime d’une très violente « chute à trottinette », selon sa femme, il tombe dans le coma pendant dix années pour se réveiller à l’hôpital sans un rond et isolé volontairement par ses proches. Livré au triste sort d’un monde qui a bougé sans lui, il tente de nouer un lien avec son enfant de onze ans qu’il n’a jamais vu. Un enfant non désiré par la mère qui aurait préféré une fille et qui s’est permis de renommer l’enfant alors que son mari était hospitalisé. Dans ce roman, les partis politiques implosent, la Vème République n’y est plus et les commandes de la présidence de la République sont confiées au présentateur de télévision Julien Lepers. Les selfies tout comme les tentatives de suicide peuvent mener à la peine de mort.
« J’ai eu une période de six mois d’hésitation avant de trouver en juin dernier la trame et d’engager aux mois de juillet et d’août le travail de rédaction », explique Brice Christen. Agé de 26 ans, le montreuillois arrive dans la Ville rose en 1998, « deux jours avant la Coupe du monde », s’amuse-t-il à dire. « Dans la mesure où je fais partie de l’espace Schengen, ma mère voulait vivre dans un meilleur cadre de vie à Toulouse », poursuit-il. Après un master 1 de sciences politiques à l’UT1, il abandonne ses études face au « peu de débouchés » proposé. C’est dans cette période, faite de doutes, qu’il écrit son premier roman. « Contre tout attente », il réussit à vendre son livre au-delà de son cercle personnel et amical. Il est même invité sur le stand Amazon lors du Salon du livre à Paris en 2014. Brice Christen « aime écrire sur les relations humaines et amoureuses » et a souhaité écrire « quelque chose d’absurde ». « J’aime les auteurs qui vont dans les domaines exigus, comme Eugène Ionesco. Mon roman est improbable et impossible », raconte-t-il.
Ce second roman de Brice Christen est intéressant mais peut aussi choquer par son langage direct et sans filtre. Les thèmes abordés comme la suractivité sur les réseaux sociaux qui exacerbe l’égo peut rassembler les esprits sur le constat mais quant aux conséquences proposées dans le roman, celles-ci s’avèrent être capillotractées et dignes d’un régime aux contours pseudo-démocratiques. L’histoire souffre dans certains détails d’éléments crédibles et les critiques incessantes formulées dans le livre amènent à se demander si dans la société de demain, la projection proposée par le romancier n’est pas finalement à la fois fataliste et utopique.
Extrait du livre, Luc à Oscar :
Dès que tu sors de là, je te prêterai mon vieil iPhone 8. C’est un peu de la merde, y’a pas la reconnaissance testiculaire mais ça fera l’affaire. Pour l’argent ne t’inquiète pas. David me donne cinquante euros toutes les semaines, il croit qu’il va obtenir l’amour d’un fils avec des billets. Mais je ne dépense jamais rien, j’ai un petit pécule de côté.
212 pages, 2,99€ prix numérique, 8,99€ prix livre.
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