UTOPIE. Le centre d’art contemporain Lieu Commun accueille l’exposition de son homologue bordelais Zebra 3, “L’Archipel du Rêve”. Incursion au-delà des codes fixés par la société capitaliste.
Par Antoine Laviale
Un programme d’échanges artistiques entre galeries indépendantes a vu le jour. Ainsi, 18 artistes bordelais exposent dans la galerie «Lieu Commun» jusqu’au 31 mai. À leur tour, 16 artistes toulousains exposeront dans la galerie bordelaise Zebra 3 de juin à juillet. Les œuvres de l’exposition toulousaine très différentes les unes des autres, possèdent cependant un thème commun : l’ouvrage de Christopher Priest «L’Archipel du Rêve», recueil de nouvelles d’anticipation et de sciences fiction. Dans cet écrit, deux peuples se mènent une guerre violente et vicieuse, qui n’en termine pas et qui impacte la vie de chaque homme. Or, entre ces deux peuples, existe une zone géographique neutre nommée L’Archipel du Rêve, prenant des formes différentes selon chaque récit. Le Commissaire de l’exposition, la bordelaise Candice Petrillo, a proposé à 18 artistes de composer une œuvre, en ne leur fournissant que cet ouvrage de Priest. Tous ont rendu, selon leur style propre une œuvre contemporaine. Bien qu’en tout point différentes les unes des autres, elles dépeignent toutes un univers nouveau, imaginaire, mais profondément proche du nôtre. De nouveaux éléments naturels apparaissent et les couleurs ne nous sont plus familières. Une Histoire nouvelle est inventée… ou peut-être un futur, car l’exposition est en dehors du temps : casque de guerriers, vestige de faucilles et dans le même temps, la société consumériste est très présente, bien que discrète. L’ordre des œuvres, dans la galerie, nous permet aussi de nous plonger dans cet univers nouveau, le visiteur devient un personnage supplémentaire sur cet archipel : il en découvre peu à peu, œuvre après œuvre, la nature, la culture, les coutumes et modes de vie.
Critique, tout artiste, l’est sans doute un peu. Ici, c’est une critique très large qui se dégage, peut-être même s’agit-il d’une exposition militante, même si «chacun peut voir les œuvres comme il le souhaite, l’art est très libre» assure Marie-Alizée Tulli, la responsable communication de la galerie. Cependant, l’exposition casse les codes fixés par la société capitaliste : on retrouve de façon imagée un discours politique écologiste, et progressiste. Cet archipel rassemble sans doute tous ces idéaux, toutes ces utopies : lieu où prime l’insouciance et où les conflits ont disparu. Plusieurs œuvres illustrent, par ailleurs, la puissance de la nature sur l’homme, cette dernière reprendrait dans ce monde sa revanche sur l’industrie et le commerce. En un thème commun, les artistes ont fourni des œuvres qui, au-delà du fond, apparaissent formellement éloignées les unes des autres. De la peinture par Franck Eon à la sculpture élaborée par Lou-Andréa Lassalle, ou à l’art numérique et cinétique avec une œuvre de Fabien Guiraud, en passant par une œuvre du dessinateur de bande dessinée Winshluss, l’exposition présente un formidable melting-pot de styles et d’arts. Plongeant dans l’esprit même des artistes, les œuvres apparaissent tour à tour légères et naïves, sombres et noires. Chaque artiste a ainsi dépeint son archipel, entraînant le visiteur dans celui-ci. Un rêve artistique qui s’avère, finalement, bien loin des réalités.
Info Pratiques :
«L’Archipel du Rêve» à Lieu Commun, jusqu’au 31 mai 2015
25, rue d’Armagnac
31500 Toulouse
+ d’info
Lieu Commun est une structure alternative, tenue par des artistes. Sa vocation première est la diffusion et la production de la création artistique contemporaine. Dans un grand espace de près de 300 m², les expositions défilent et les esprits s’effusent afin de proposer des créations contemporaines toutes plus originales les unes que les autres.
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