Quel lien peut-il bien y avoir entre Superman et l’antiquité gréco-romaine ? Un mystère levé par ‘’Age of Classics ! L’antiquité dans la culture pop’’, nouvelle exposition hors-norme présentée au musée Saint-Raymond jusqu’au 22 septembre.
Eleanor Antin – Judgement of Paris (after Rubens) – Light Helen, 2007 from “Helen’s Odyssey”Depuis quelques années, le musée Saint-Raymond est devenu spécialiste dans l’art de donner un coup de jeune aux antiquités. Et les propositions les plus décalées y sont toujours prises très au sérieux. Cette fois, c’est d’une interpellation sur les réseaux sociaux que nait l’événement Age of Classics. « Tiphaine-Annabelle Besnard, doctorante qui avait travaillé sur l’antiquité dans l’art contemporain, nous a soufflé l’idée sur le ton de l’humour. D’une petite blague, nous avons monté une exposition d’envergure », raconte Mathieu Scapin, son cocommissaire, aux côtés de la chercheuse en question.
Et pour montrer que l’antiquité gréco-romaine est omniprésente, le musée a élargi le sujet à la culture pop dans son ensemble. « Il est passionnant de constater à quel point cette période fondatrice de l’Histoire imprègne les produits culturels de masse du XXIe siècle, ceux qui sont les plus consommés ou vus dans le monde », assure Mathieu Scapin. À la croisée de l’archéologie et de l’art, “Age of Classics” interroge donc notre rapport aux mondes anciens. Avec un parti-pris revendiqué : mettre sur un pied d’égalité les médias actuels que sont la bande dessinée, la littérature, les jeux vidéo, le cinéma et les séries ou encore les arts plastiques.
La scénographie de l’exposition repose sur une répartition en trois pôles géographiques : l’Europe, les États-Unis et l’Asie. « Que l’antiquité gréco-romaine soit présente en Europe est normal, c’est le ciment de notre culture. En revanche, il est plus étonnant qu’on s’y réfère aussi en Asie, qui a pourtant sa propre antiquité, ainsi qu’en Amérique, qui n’en a tout simplement pas », détaille le commissaire scientifique.
Dans la partie européenne, un discobole tout en led et en néons de l’artiste Léo Caillart dialogue avec une réplique romaine en marbre d’un même discobole sculpté par Myron. On peut également y jouer au jeu vidéo Assassin’s Creed, dans son mode découverte, célèbre pour son sens du détail historique. Dans l’espace américain, une reproduction du casque porté par Russel Crowe dans le film ‘’Gladiator’’ ainsi qu’une toile de Jeff Koons, présentée pour la première fois en France, attendent les visiteurs. La zone Asie invite, elle, à se plonger dans la culture des thermes qu’elle partage avec les Romains. Notamment à travers un manga, à lire sur place.
« L’exposition parle en creux de nos modes de consommation »
Mais “Age of Classics”, c’est aussi la possibilité de croiser Lady Gaga, Harry Potter ou l’incarnation suprême d’Hercule, Superman. Et de rappeler que la plus célèbre marque de sport tient son nom de Nikè, déesse grecque de la victoire et que son logo à la virgule, est en fait une aile stylisée de la divinité. « L’exposition parle en creux de nos modes de consommation actuels. L’œuvre des artistes Pierre et Gilles, autour de Narcisse, évoque ainsi l’ancienneté du principe du selfie et les dérives provoquées par l’amour de soi », conclut Mathieu Scapin.
Les visiteurs qui le souhaitent peuvent utiliser un dispositif, conçu par l’association Science Animation, comme une enquête rappelant un jeu vidéo. Des éléments cachés se révèlent au fil du parcours, rendant ainsi la découverte plus ludique.
Infos pratiques : Musée Saint-Raymond, place Saint-Sernin. Jusqu’au 22 septembre. www.saintraymond.toulouse.fr
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