[Evènement] Jazz in Marciac met la diversité à l’honneur
ECLECTIQUE. Pendant trois semaines, le festival Jazz in Marciac transforme un petit village gersois en capitale du jazz. Une panoplie de concerts se déploie du 27 juillet au 16 août, avec des temps forts centrés sur la voix.
Par Amélie Phillipson
Créé en 1978 par une poignée de passionnés, Jazz in Marciac est né de leur «goût immodéré pour la musique», notamment le jazz, et de leur «volonté d’animer l’été à Marciac», raconte Jean-Louis Guilhaumon, directeur et fondateur du festival. Cette année-là, le trompettiste américain Wynton Marsalis, âgé d’à peine dix-sept ans, donne un concert dans les arènes du village. L’année d’après, le festival déménage dans une usine de meubles, «ça ne s’invente pas!» s’amuse Jean-Louis Guilhaumon.
En quelques années, Jazz in Marciac devient l’un des plus importants festivals d’Europe. Mais Rome ne s’est pas construite en un jour. «La mutation du festival a été lente, sur de nombreuses années, ce qui a permis aux organisateurs de s’approprier un savoir-faire», explique le directeur.
Chaque édition du festival est marquée par une innovation. «Nous essayons d’être à l’écoute, de nous remettre sans cesse en question». Cette année, la 38ème édition du festival est patronnée par l’UNESCO, «pour promouvoir la mixité sociale et le dialogue interculturel». De quoi faire taire ceux qui tenteraient de raconter que le jazz est une musique élitiste. Bien au contraire, selon Jean-Louis Guilhaumon : «pour entrer dans cet univers, il suffit d’avoir un cœur et des oreilles. Le jazz prend des tas de couleurs différentes et l’appropriation de cette musique se fait naturellement».
La célèbre liberté de ton du festival impose aussi une programmation très variée. Cette année, dix-sept soirées vont ponctuer le festival sous le chapiteau, et trente concerts auront lieu dans la grande salle de l’Astrada. Auxquels il faut ajouter les 120 concerts du festival bis, qui se tiendra pendant trois semaines sur la place de l’hôtel de ville. Sur la liste des têtes d’affiche, on trouve Mélodie Gardot, mais aussi «toute une pléiade de musiciens», avec «une grande attention portée à la voix, à laquelle le public de Marciac tient beaucoup».
Deux soirées festives sont prévues avec Malcolm Rebennack, alias Dr. John et George Clinton le 11 août. Puis le lendemain, c’est la flamboyante Robin McKelle à la voix éraillée qui présentera son tout dernier album. La deuxième partie de cette soirée, qui a pour thème Paris, sera assurée par la chanteuse Zaz accompagnée d’un grand orchestre de musiciens de jazz. A noter aussi : la nuit du 10 août consacrée à la Nouvelle Orléans accueillera Joey Alexander, jeune prodige indonésien de 12 ans, «un petit génie», selon le parrain du festival Wynton Marsalis.
Si le nec plus ultra du jazz provient bien souvent de contrées lointaines, le festival n’oublie pas pour autant les musiciens locaux. Le pianiste Laurent Coulondre, jeune talent de la région, aura sa place sous le chapiteau le soir du 30 juillet. A 25 ans, il est extrêmement sollicité et a déjà étonné le public de Jazz in Marciac l’année dernière, par sa sensibilité.
Sur les quasi-quatre millions d’euros que coûte l’organisation de l’évènement, deux millions et demi proviennent de la billetterie et des recettes annexes. Jazz in Marciac est en effet «très dépendant de son public». Le reste est financé à hauteur de 396 000 euros par de l’argent public, ainsi que par des partenaires et mécènes. Selon Jean-Louis Guilhaumon, le succès du festival est dû à l’engagement des bénévoles mais aussi et à «une musique porteuse de valeurs liées au territoire»…
Infos pratiques :
Abonnement festival : 500€
Formules plusieurs soirées à partir de 127€
Tarifs réduits avec justificatifs.
L’Astrada
Jazz in Marciac a donné naissance à un projet culturel de territoire, l’Astrada. Il s’agit d’une salle de 6000 places qui accueille chaque année depuis son inauguration en 2011 une cinquantaine de manifestations culturelles. Jazz In Marciac peut ainsi proposer une saison culturelle en dehors du festival.