Depuis sa création, le festival Electro Alternativ s’évertue patiemment à démonter les clichés qui pèsent sur la musique électronique. Cette 14e édition reflétera une nouvelle fois toute la richesse de ce genre qui investit de plus en plus notre quotidien.
Il est l’un des plus gros festivals musicaux toulousains et rassemble durant trois semaines des artistes locaux et internationaux représentatifs de tous les styles électroniques. Electro Alternativ n’a pas d’autre ambition, depuis 14 ans, que d’apporter à cette culture la place qu’elle mérite. Un combat pour la diffusion et la professionnalisation des artistes électro qui, même s’il a donné de beaux résultats ces dernières années, n’est pas complètement gagné.
« Ce genre est encore mal vu par les classes dominantes, on se bat toujours pour avoir le même droit d’entreprendre, le même droit de jouer que les autres musiciens », résume Karim Guerch, directeur de l’événement. Les clichés ont la peau dure et pour dissocier électro et free parties, ces événements souvent illégaux et synonymes pour certain de nuisances, c’est un travail de longue haleine. « Pourtant, il suffit de regarder la naissance du courant : il a de nombreuses sources, dont la coldwave, la darkwave ou encore les expérimentations sonores dans les années 1970, avec la musique concrète par exemple », explique Karim Guerch.
D’origine noble ou pas, de toute façon, l’électro est déjà partout dans notre quotidien : génériques d’émissions télévisées, bande originale de films, publicités… Elle représente le style musical le plus apprécié des jeunes et occupe une place grandissante dans les festivals (fréquentation en hausse de 40% dans les événements dédiés, entre 2014 et 2015). Sa légitimité sur scène n’est plus à démontrer, mais elle continue de subir les mêmes critiques que le rock’n roll ou le jazz à leurs débuts, avec en tête le fameux « ce n’est pas de la musique ».
Pour peu qu’ils soient animés de bonne volonté, les sceptiques viendront constater par eux-mêmes que l’électro ne se résume pas à un garçon à casquette derrière un ordinateur. En participant par exemple aux propositions pluridisciplinaires, comme la pièce ‘’Chambre 5- Anatomie du néant’’, à la Grainerie, ou encore la projection du film ‘’Raving Iran’’ à l’ABC. Côté soirées, Karim Guerch conseille Soft Moon au Metronum pour les néophytes.
Des sonorités lourdes, industrielles et métalliques, pour amateurs de sensations fortes certes, mais relativement accessibles. « On pourrait aussi suggérer les concerts aux Abattoirs, avec notamment La Fleur. Un son pas du tout agressif », ajoute-t-il. Quant à lui, son coup de cœur artistique de cette année va à Irène Dresel : « Frais et surprenant ».
Du Bikini pour les amateurs de techno ou dubstep qui se laissent entraîner dans leurs transes jusqu’au petit matin, au théâtre Garonne pour apprendre grâce aux workshops, le festival mise sur la multiplicité des lieux d’accueil, d’ambiances et des publics. Quant à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines, haut lieu des concerts classiques, il hébergera le projet “Bio-scilliations” qui mêle machines, instruments à vent et percussions.
Si cette année encore, les festivaliers font preuve d’autant d’audace que les artistes programmés, alors le pari d’Electro Alternativ est en passe d’être gagné.
Un festival 100% local
L’Electro Alternativ ne fait pas, comme beaucoup d’autres gros événements, appel à des structures extérieures pour sous-traiter la prise en charge de certains aspects du festival. Karim Guerch y tient : « Il est très important pour nous de travailler uniquement avec les acteurs locaux, nombreux, et je ne vois d’ailleurs pas pourquoi nous aurions besoin d’une agence parisienne ! »
Claire Villard
Du 7 au 23 septembre, 14.electro-alternativ.com
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