Vendredi 8 mars, Virginie Despentes et Béatrice Dalle monteront sur la scène du Phare, à Tournefeuille, pour une lecture musicale autour de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini. Épaulées par le trio de post-rock lyonnais Zëro, elles revisiteront des textes choisis parmi ses poèmes, ses articles et sa correspondance. Un spectacle atypique et envoûtant.
© Frédéric LemaîtreUn trio de post-rock. Une actrice indomptable. Une auteure iconoclaste. Et les textes d’un écrivain, poète, journaliste, scénariste et réalisateur aussi incontournable qu’inclassable. Voilà les ingrédients de la lecture musicale qui associera Virginie Despentes, l’auteure de ‘’Baise-moi’’ et de ‘’Vernon Subutex’’, Béatrice Dalle et le groupe Zëro, sur la scène du Phare dans le cadre du festival Pink Paradize. Au programme de ce concert littéraire : des poèmes, articles et correspondances de Pier Paolo Pasolini, le provoquant cinéaste italien. « C’est Virginie Despentes qui nous a réunis autour de textes qu’elle a choisis. Travailler ensemble était une évidence. Nous partageons tous la même passion pour l’œuvre de Pasolini », explique Eric Aldéa, le guitariste du projet.
Sur les planches, le dispositif est minimal. « C’est très sobre. Trois mecs qui jouent et deux nanas qui récitent des textes derrière un micro. Il n’y a pas de mise en scène grandiloquente », résume le musicien. Vêtues de noir, Virginie Despentes et Béatrice Dalle font face au public. Un bourdon électrique et grave s’élève des entrailles d’une machine. Portée par les coups d’une grosse caisse profonde et cardiaque, la plainte d’une guitare émerge du ressac des cymbales. Un larsen déchirant et mélodique invitant à l’écoute, tel un muezzin lointain et possédé.
Enfin, vient la voix de Béatrice Dalle égrenant avec passion les mots de Pier Paolo Pasolini. Les images s’enchaînent. Souvent engagées, toujours poétiques et parfois sibyllines. « L’air était très tendre. Et du monde flemmardait dans une trouble misère… Une vision indicible de soleil. Un vent obscur et fourmillant », déclame-t-elle les yeux fermés. L’attention se laisse ensuite ballotter entre les mots et les notes, régulièrement aiguillonnée par une perle littéraire. « La lecture commence par un long pamphlet politique aux échos très contemporains, puis viennent des textes plus poétiques, qui parlent d’amour », commente Eric Aldea.
Soudain, les deux voix se mêlent. Pendant un instant, les musiciens s’interrompent, comme pour s’effacer derrière ce chœur où les deux femmes paraissent entrer en fusion. Le temps d’une respiration et la musique reprend. Répétitive, enivrante. Et toujours avec cette réverbération qui vous enveloppe. Virginie Despentes poursuit la lecture en solitaire. Sa main s’agite, tressaille en rythme et dessine des arabesques, soulignant les inflexions de sa propre voix.
« Elle a sélectionné des textes qui permettent d’être lus avec un accompagnement. Dessus, nous avons essayé de mettre une tension avec la musique, de faire quelque chose d’imagé et immersif, qui peut être répétitif, bruitiste ou planant, sans jamais passer devant le texte », décrit le guitariste. Pendant tout le spectacle, les deux voix se croisent et se répondent pour rendre au poète italien un hommage qui navigue avec fougue entre slam et concert de rock minimal, progressif et psychédélique.
Pink Paradize est un festival pluridisciplinaire à la programmation résolument azimutée. Du 22 mars au 14 avril, les Productions du possible, la structure qui organise l’événement, proposent 25 dates dans la Ville rose. Sous la présidence honorifique de Guillaume Meurice, l’édition 2019 invite des personnalités aussi incontournables que Jeff Mills, Blanche Gardin ou Chinese Man Records…
Le 8 mars 2019 à 19h30
Le Phare à Tournefeuille
Tarif : 20 € + F.D.L.
https://pinkparadizefestival.com
http://lephare-tournefeuille.com
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