Après de longues années de disette, les producteurs locaux de cinéma, téléfilms, séries ou documentaires entrevoient le bout du tunnel. Ils pourraient à nouveau obtenir un soutien financier qu’ils avaient perdu avec la liquidation de la chaîne TLT, il y a trois ans.
« On ne tiendra pas très longtemps. On a besoin de faire des films », lance Pascal Bonnet, responsable de l’association des producteurs indépendants audiovisuels de Midi-Pyrénées (Apiamp). L’équilibre des 60 maisons de production occitanes est aujourd’hui précaire. Pour boucler un film, elles doivent obtenir le soutien d’un diffuseur. Or, les chaînes nationales sont frileuses à l’idée de cofinancer des projets locaux et France 3 Occitanie ne signe qu’une dizaine de productions par an. L’absence d’un diffuseur local se fait ainsi cruellement ressentir.
Il est loin l’âge d’or du début de la décennie. Pendant quatre ans, les producteurs occitans ont pu réaliser près d’une centaine de films grâce à l’apport financier de TLT. C’est Nicole Belloubet, lorsqu’elle était chargée de la culture auprès de Pierre Cohen, qui avait imaginé le mécanisme de financement, en utilisant la taxe sur les jeux de hasard payée par le Casino Barrière. Une somme de 300 000 euros par an versée à la chaîne locale pour qu’elle alimente la production cinématographique et documentaire. La faillite de TLT, mettant brutalement fin au dispositif, avait entraîné celle de plusieurs producteurs : « Cela a été un traumatisme pour la Mairie qui se méfie désormais et ne veut pas que cela se reproduise avec la nouvelle chaîne régionale Via Occitanie. La taxe acquittée par le casino serait ainsi bloquée depuis plus de trois ans », croit savoir Pascal Bonnet, également directeur des Films du Sud, dont le nombre de productions a chuté de moitié après la fermeture de TLT. Mais, première bonne nouvelle pour la profession, Toulouse Métropole pourrait bientôt verser une partie de cette cagnotte au Fraca, le Fonds régional d’aide à la création. « On ne sait pas encore si c’est la Métropole ou une commission régionale qui se chargerait d’en désigner les bénéficiaires, mais ce serait à n’en pas douter une vraie bouffée d’air frais ! ».
« Un euro investi localement en attire six fois plus »
Par ailleurs, la Région a signé un partenariat avec Via Occitanie. Une Convention d’objectifs et de moyens (Com) de 500 000 euros par an pendant trois ans, qui pourrait bénéficier aux producteurs audiovisuels locaux : « Un comité de suivi se réunira fin mars ou début avril pour préciser le fléchage de cette somme », annonce Serge Regourd. Encourageant, le président de la Commission culture et audiovisuel du Conseil régional indique qu’un autre contrat est en cours de discussion avec France 3 Occitanie.
De quoi convaincre d’autres partenaires : « Nous avons calculé qu’un euro investi localement en attire six fois plus, issus de fonds privés ou d’organismes publics », insiste Pascal Bonnet. Parmi eux, le sacro-saint CNC (Centre national de la cinématographie) qui finance près d’un tiers de la production française.
Une fois bouclé, chaque projet assurerait en moyenne 200 journées de travail aux intermittents du spectacle occitans. Surtout, « ce serait formidable pour la création ! Nous pourrions lancer à nouveau de jeunes réalisateurs locaux, que les chaînes nationales ont peur de financer. Ils ont été formés à l’École supérieure d’audiovisuelle de Toulouse (Esav), au lycée des Arènes ou à l’université Paul Valéry de Montpellier… Et ils sont souvent obligés de quitter la région, faute de débouchés. » Diffusés sur Via Occitanie, notamment sur le créneau du samedi soir en prime time que la chaîne réserve aux documentaires, ces nouvelles productions audiovisuelles auraient davantage d’audience qu’elles n’en avaient sur TLT. D’autant qu’elles seraient regardées dans les quatre principales villes de la région.
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