Du 14 au 29 septembre, les containers du festival ManifestO s’installent place Saint-Pierre pour sa 16e édition. Toujours dans le même but, fidèle aux principes de l’événement : mettre en libre accès, au cœur de l’espace public, un panorama incisif de la nouvelle création photographique internationale.
©Emmanuel TussoreIls ont vogué du port Viguerie au Grand-Rond en passant par le Cours Dillon, et, depuis l’année dernière, ils ont jeté l’ancre sur la place Saint-Pierre. Les containers maritimes accueillant les expositions du festival ManifestO sont devenus le symbole de cet événement atypique. « Nous avons eu cette idée car il était compliqué de trouver des locaux adaptés. Cela revenait moins cher et comme nous étions toujours plus ou moins au bord de l’eau, il y avait du sens à utiliser des containers », raconte Jean-François Daviaud, le directeur de ManifestO. Une manière aussi d’intégrer l’art au cœur de l’espace public. Car s’il fait le bonheur des passionnés de photographie contemporaine, Manifesto est également la possibilité de tomber par hasard sur ces galeries et de pousser la curiosité jusqu’à entrer librement et gratuitement.
Un art du contre-pied élaboré dès ses débuts. À l’aube des années 2000, c’est en réaction à une politique culturelle locale jugée plutôt molle que s’est créé ce collectif de photographes. De même, alors que le sujet a refait surface via une tribune publiée par de nombreux photographes dans Libération début juillet, juste avant les rencontres d’Arles, Jean-François Daviaud indique que « contrairement à d’autres événements, ManifestO a toujours payé les droits d’auteur aux artistes exposés ». Pour cette 16e édition, ils sont 12 à avoir été sélectionnés parmi les quelque 400 réponses à l’appel à projets, venues du monde entier.
Leurs travaux côtoieront ceux de Martine Voyeux, photographe invitée d’honneur du festival, ainsi que les expositions associées en partenariat avec l’école de photographie toulousaine Etpa, Médecins du monde ou encore le festival Fotografica Etica de Lodi en Italie. « Le choix est de plus en plus compliqué pour le jury car la qualité ne cesse d’augmenter», se réjouit Jean-François Daviaud. Si l’événement ne se donne jamais de thématique, « une fumisterie » selon son directeur, la cuvée 2018 sera composée de propositions dans l’air du temps : « L’an dernier, il était par exemple question de genre. Cette année, la tendance est plutôt aux préoccupations écologiques. » Les formats, eux, sont toujours aussi variés et couvrent tous les styles de la photographie moderne, au documentaire en passant par l’art plastique.
Le Français Emmanuel Tussore illustre parfaitement ce croisement des disciplines artistiques. Ses sculptures, installations et photographies de ruines syriennes reconstituées en savon d’Alep ont fait l’unanimité au sein du jury. Deux Toulousaines font également partie des lauréats : Kamille Lévêque-Jego, grâce à son travail autour de la fabrication d’un faux gang de femmes, intitulé Benzine Cyprine, et Patricia Combacal avec sa série ”Décillement”, réflexion sur le corps plus orientée vers l’art plastique. Tous ont la possibilité d’aménager à leur guise leur container. Une vitrine en guise de tremplin pour ces artistes. Récemment, le New York Time a en effet classé Manifesto parmi les 100 festivals de photographie les plus intéressants du monde.
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