À la fin des années 1950, la France se met à tresser des scoubidous. À Toulouse, un seul magasin fournit les précieuses petites gaines en plastique souple et coloré. Tous les jours, des amateurs font alors la queue, place Esquirol, pour trouver leur bonheur… chez Midica.
« Si tu passes par le centre-ville, arrête-toi chez Midi Caoutchouc, j’ai besoin de gommes élastiques. » Voilà une demande que seuls les Toulousains ayant fréquenté la place Esquirol avant les années 1960 ont pu entendre. Comme la Société du Papier-Linge (SoPaLin), il faut connaître l’histoire de Midica pour en comprendre le nom.
En effet, lorsque Marcel Garrigou crée l’entreprise, en octobre 1945, l’établissement est spécialisé dans la fourniture de produits en caoutchouc. « C’était le lendemain de la guerre et l’on rencontrait de gros problèmes d’approvisionnement. Mon père, qui avait été marqué par son combat de résistant dans le Quercy, n’a pas souhaité reprendre son métier d’enseignant. Comme il avait un oncle qui possédait une usine de caoutchouc, il est devenu commerçant », raconte Roland Garrigou, le fils du fondateur. Tuyaux, bottes ou pèlerines, les Toulousains y trouvent tout ce dont ils ont besoin pour jardiner ou sauter dans les flaques, les jours de pluie.
Dans les années 1950, l’entreprise se tourne vers le plastique. Cette matière révolutionnaire qui, selon Roland Garrigou, n’avait pas alors « la mauvaise réputation d’aujourd’hui. C’était un matériau moderne et créatif », se rappelle-t-il. Droguerie, jouets ou ameublement, le magasin multiplie les références et prend rapidement l’allure d’un grand bazar. Quand, en 1958, un phénomène inattendu vient marquer l’histoire de l’enseigne : les scoubidous. « Marcel Garrigou pressentant la vogue de ces gadgets yé-yé avait acheté un énorme stock de gaines de fil électrique. Certains Toulousains se souviendront certainement des attroupements sur le trottoir, c’était le seul endroit où l’on pouvait se procurer de quoi fabriquer son scoubidou… », relate Pierre Salies dans son “Dictionnaire des rues de Toulouse”. « Ce fut une véritable folie qui n’a duré que deux ans, mais ce fut un article fort du magasin. Le phénomène ne s’est jamais renouvelé, car c’était un objet parfaitement inutile », s’amuse Rolland Garrigou.
C’est à la même époque, que son père décide de renommer l’enseigne qui s’appelait encore Midi Caoutchouc. « Il cherchait à supprimer la référence aux matériaux tout en conservant la notoriété déjà acquise. Ainsi apparaît Midica », explique l’héritier, qui reprend l’entreprise familiale en 1973. Sous son impulsion, la société se spécialise dans les fournitures pour la maison. « Cette année-là, nous avions également repris la concession des magasins La Hutte, devenus Intersport. Il y a donc eu, jusque dans les années 1990, un rayon au troisième étage où nous vendions des planches à voile », s’amuse le chef d’entreprise, qui vient de passer à son tour les rennes à son fils.
Nicolas Belaubre
Nicolas Belaubre a fait ses premiers pas de journaliste comme critique de spectacle vivant avant d’écrire, pendant huit ans, dans la rubrique culture du magazine institutionnel ‘’à Toulouse’’. En 2016, il fait le choix de quitter la communication pour se tourner vers la presse. Après avoir été pigiste pour divers titres, il intègre l’équipe du Journal Toulousain, alors hebdomadaire de solution.
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