Depuis 1973, l’Ardèche est un désert ferroviaire. Malgré toutes les infrastructures nécessaires, aucune ligne ne dessert le territoire. Un demi-siècle plus tard, le retour du train semble enfin amorcé mais non sans rencontrer quelques difficultés.
L’Ardèche vit depuis 50 ans une situation unique en France. Aucune gare de voyageurs n’est en activité dans ce département de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une exception nationale qui trouve son origine dans les fermetures de lignes décidées par l’État après la Première Guerre mondiale. C’est en août 1973 que la desserte voyageurs par voie ferrée de l’Ardèche prend fin avec la fermeture de la ligne rive droite du Rhône, qui reliait Givors à Nîmes. Le département devient ainsi un désert ferroviaire, alors que la France possède le deuxième plus grand réseau ferré d’Europe, après l’Allemagne.
Depuis, les 333 229 habitants de l’Ardèche doivent donc faire sans le train. Une exception contre laquelle se mobilisent élus et associations, à l’instar du Collectif des usagers des transports publics Sud Ardèche (CUTPSA). Sur sa page Facebook, il regrette effectivement « une désertification rurale, un isolement accru des habitants privés de transports, une inégalité d’accès aux services publics, un frein au développement économique des territoires et une hausse des émissions de gaz à effet de serre due à la dépendance accrue à l’automobile. »
Pour certains élus, « l’arrêt du trafic ferroviaire-voyageurs sur la rive droite du Rhône, il y a plus de 50 ans, n’est plus acceptable ». « La population croit sur notre territoire et le trafic automobile devient insupportable. On dénombre pas moins de 23 000 véhicules par jour sur le pont de Serrières, et de l’autre côté, sur la rive gauche, la commune de Sablons est complètement débordée… », déplorent Laurent Torgue, maire de Serrières, Simon Plenet, maire d’Annonay, et Cassandre Schinelli, directrice de la régie des transports Coqueligo. Ils réclament ainsi le retour du train dans le département qui possède toutes les infrastructures nécessaires, que ce soient des gares et des voies ferrées.
D’ailleurs, les trains n’ont pas totalement disparu de l’Ariège. En effet, la ligne rive droite du Rhône sert encore pour le fret. Une vingtaine de trains de marchandises continuent à y circuler chaque jour, tout comme des trains de voyageurs, « en cas de perturbations notables sur les lignes de la rive gauche », indique la SNCF. Sauf que, jamais ils ne s’arrêtent dans le département. Autre curiosité : la ligne Nîmes – Pont-Saint-Esprit. Celle-ci passe par la gare du Teil, en Ardèche, mais… uniquement pour faire demi-tour.
Ainsi, seul le “Train de l’Ardèche”, un train touristique à vapeur, continue de faire vivre le patrimoine ferroviaire ardéchois. Unique train de voyageurs circulant dans le département, il transporte chaque année des milliers de touristes au-dessus des gorges du Doux, de Tournon-Saint-Jean de Muzols à Lamastre. Voyageurs qui peuvent apprécier le paysage sauvage de l’Ardèche à flanc de falaise, comme autrefois. Doté de locomotives et de voitures, pour la plupart classées monuments historiques, le train promet effectivement un véritable saut dans le passé à tous ceux qui montent à bord. Et ce, le temps d’un voyage de quelques kilomètres sur le territoire.
Toutefois, l’Ardèche pourrait se départir de son titre d’unique désert ferroviaire de France. Effectivement, l’espoir d’un retour du train renaît avec un projet de réouverture de la ligne ferroviaire de la rive droite du Rhône, permettant ainsi aux voyageurs de relier Nîmes au Teil, en passant par Pont Saint-Esprit. Mais ce projet tarde à se concrétiser. La desserte voyageurs des gares de Bagnols-sur-Cèze et Pont-Saint-Esprit a bien été mise en service en août 2022, mais la ligne ferroviaire ne se opérationnelle qu’à partir de 2027.
En attendant, le “Train en Fête” se prépare. Cet événement, qui aura lieu le 16 novembre prochain, compte bien faire revivre la ligne de la rive droite du Rhône. En effet, trois autorails transporteront environ 200 personnes sur la rive droite, entre les gares SNCF de Lyon-Perrache, dans le département du Rhône, et Bourg-Saint-Andéol, dans celui de l’Ardèche. À l’initiative : l’Association des Usagers des TER de la Vallée du Rhône (AUTERVR) et le Collectif des usagers des transports publics Sud Ardèche, qui ont prévu des arrêts festifs dans plusieurs gares, notamment celle du Teil et de Saint-Péray.
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