Pour favoriser la prise de conscience des automobilistes des risques qu’ils encourent et qu’ils peuvent faire prendre aux autres, le centre de formation à la conduite Centaure propose des stages de sensibilisation au grand public. Une manière d’agir avant d’avoir à réagir.
À la sortie de l’autoroute A62, à hauteur de l’échangeur de Saint-Jory, une voiture vient de faire un tête-à-queue. Pas de panique ! L’incident était tout à fait volontaire et calculé. Il s’agit d’un stagiaire venu suivre l’un des programmes proposés par le centre de formation à la conduite sécurité sur site protégé Centaure. Et si tous les automobilistes cherchent à limiter les situations dangereuses, ici, on les provoque.
« Vivre le risque pour mieux l’éviter. » C’est la devise de Centaure, explique Philippe Legrand, responsable commercial du centre. L’objectif étant de placer le conducteur dans des conditions extrêmes afin qu’il prenne conscience des risques. « Quand on sait que 90 % des accidents sont dus à une erreur de l’automobiliste, il est facile de comprendre que l’on pourrait en éviter de nombreux simplement en adaptant notre conduite », constate le représentant Centaure. D’ailleurs, d’après les statistiques des assureurs partenaires, les sinistres enregistrés après une formation baissent de 42 %.
Pourtant, ce sont des considérations beaucoup plus pragmatiques qui ont poussé Pascal et Orane à suivre un stage de conduite : « Honnêtement ? C’est parce que notre assureur consentait à une réduction de notre adhésion si nous nous inscrivions ! » avoue Pascal, lançant un regard complice à sa fille. Dix autres personnes attendent dans la salle de réception, avant que Jean-Pierre, formateur, ne les prenne en charge. L’ambiance est plutôt détendue, tout le monde se tutoie, les rires fusent. Après un rapide cours théorique, où l’on repère déjà les dissipés et les ‘’grandes gueules’’, les stagiaires montent à bord des véhicules mis à disposition par le centre. « De belles 208 d’à peine un an », dit-il en souriant. Et de préciser : « Elles n’iront pas plus loin, on les renouvelle tous les ans ». Et pour cause.
« En voitures », s’écrit Jean-Pierre. Les stagiaires embarquent et se lancent sur la piste. « Mais attention, il s’agit de citadines un peu particulières. Les pneus sont totalement lisses à l’arrière. Et pour corser la chose, nous avons recouvert l’asphalte d’une résine que nous arrosons copieusement pour reproduire les conditions extrêmes que l’on peut retrouver en hiver », détaille Philippe Legrand. Mais Pascal est confiant, toutes vitres ouvertes, il se lance le bras à la portière.
À raison de trois passages, les participants effectuent plusieurs parcours pour tester leurs réflexes. En augmentant leur vitesse à chaque fois, ils roulent sur une ligne droite, au milieu de laquelle une plaque ronde tourne sur elle-même. « Elle permet de simuler un vent latéral soudain ou un éclatement de pneu lorsque les voitures passent dessus », précise le formateur. Le choc est bref mais brutal et il faut rester maître du véhicule.
Puis, ils se dirigent vers la zone dite ‘’de la pente’’. Ici, on travaille le freinage d’urgence. Les voitures défilent et ce qui paraissait facile au départ s’avère plus compliqué que prévu. D’ailleurs, Pascal a rentré son bras et tient désormais son volant à deux mains ! Garé sur le bas-côté, Jean-Pierre observe, assis tranquillement dans une Peugeot 3008.
À l’aide d’un casque et d’un micro, branchés sur la fréquence 105.00 de chaque poste radio, il donne des instructions aux stagiaires : « Allez, on monte à 50 kilomètres-heure et l’on reste à droite », lance-t-il à Pascal, quand ce dernier attaque l’atelier ‘’virage’’. Il doit franchir un tournant de plus en plus vite. L’objectif est de mettre en évidence la puissance de la force centrifuge et la rapidité à laquelle une voiture peut perdre l’adhérence. Chose promise, chose due, les véhicules opèrent inlassablement les mêmes tête-à-queue.
Et c’est à bord de sa propre voiture que Pascal effectue son dernier passage. « Avec de bons pneus et ma Toyota Avensis que je connais très bien, je me suis senti en confiance. Mais j’ai vite compris qu’à tout juste 35 kilomètres-heure, il faut déjà bien tenir le volant pour ne pas se déporter vers l’autre voie de circulation », observe-t-il. Et c’est là tout l’intérêt de l’exercice. Se rendre compte que, même dans des circonstances familières, sur des trajets connus, il ne faut jamais baisser la garde : « La vitesse et le temps de réaction en fonction de notre état et de l’environnement changent les conditions de conduite », conclut Philippe Legrand.
De ce laboratoire où l’on mesure toutes les conséquences des comportements au volant, les stagiaires reçoivent une attestation de bonne conduite et un dernier avertissement : « Ici, vous avez touché du doigt ce qu’il peut arriver mais vous étiez quand même en sécurité. À l’extérieur, ce ne sera pas le cas… »
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