Allumé – Formellement adopté par le parlement à la fin de l’année 2015, le paquet neutre de cigarettes entrera en vigueur le 20 mai 2016. Si les buralistes sont vent debout contre cette mesure, les chiffres publiés par une des multinationales du monde du tabac sur la vente hors des réseaux buralistes restent inchangés en Haute-Garonne ces deux dernières années.
Dans la dernière étude réalisée par l’INPES en 2014 sur le tabagisme, un « fumeur régulier » consomme en moyenne onze cigarettes par jour. Aujourd’hui pour certains fumeurs, l’achat d’un paquet de cigarettes représente un coût financier qui fait réfléchir, pour trouver une alternative en se lançant dans la cigarette électronique ou en se procurant du tabac auprès de vendeurs à la sauvette. Des cigarettes qui peuvent être revendues sous le manteau à « 5€ le paquet sur la place toulousaine », a constaté Gérard Vidal, le président de la chambre syndicale en Haute-Garonne de la confédération des buralistes. En moyenne chez le buraliste, un paquet de vingt cigarettes coûte 7€.
Le 20 mai prochain, entrera en vigueur l’instauration du paquet neutre. Ainsi, tous les paquets de cigarettes adopteront la même forme rectangulaire avec une taille unique. À cela, une seule couleur dominera avec là aussi une typographie unique et sans logo. Une petite inscription en bas du paquet précisera la marque du fabricant. Une mesure qui est « un coup d’épée dans l’eau, car il n’aura aucun effet sur la consommation légale », tranche Axel Gietz, directeur des affaires d’Imperial Tobacco qui se place comme le numéro quatre mondial du tabac. Pour une véritable équité, « il faudrait qu’une directive européenne » établisse « dans toute l’Europe le même paquet », juge Gérard Vidal. Toujours selon le président de la chambre syndicale, « un paquet sur quatre est acheté en dehors du réseau officiel » des buralistes. En Espagne ou en Andorre, le faible taux des taxes permet de se procurer un paquet de cigarettes à 3€ en moyenne. Une situation qui a déjà provoqué la fermeture de « plus d’une centaine de buralistes depuis 2003 » sur les trois cents commerces implantés dans le département. « Les plus touchés sont ceux en campagne », poursuit Gérard Vidal.
Depuis 2003, plus d’une centaine de buralistes ont fermé en Haute-Garonne
Paradoxalement, dans une étude menée par Seita -la maison mère d’Imperial Tobacco- d’avril à décembre 2014 puis de janvier à septembre 2015 auprès de 11.632 personnes en 2014 et de 11.086 sondés en 2015, 31% des fumeurs expliquent acheter leurs cigarettes à la frontière espagnole en 2014 et en 2015. De manière plus précise, toujours selon l’étude de la multinationale, le pourcentage des fumeurs haut-garonnais qui achètent de l’autre côté de la France est de 27%. Un chiffre inchangé depuis 2014.
Après une érosion des ventes du tabac ces dernières années, l’année 2015 a été positive pour le monde du tabac. Avec une augmentation des ventes de 1% des cigarettes et de 6,9% du tabac à rouler, c’est 1,8% de recettes fiscales en plus pour les caisses de l’État, soit 250M€. Avec une remise directe de 6,8 % sur les produits du tabac qui est versée sur facture par le fournisseur, les buralistes ne sont pas en restes. Les commissions pour la profession s’élèvent avec un profit de plus de 37M€ en 2015. C’est sans compter sur les dispositifs d’exonérations mis en place par l’Etat, d’une autre mesure de compensation financière en raison de la zone frontalière et d’une remise additionnelle de 2.080€ maximum par an sur les 130.000 premiers euros du chiffre d’affaires.
« Inquiet », Gérard Vidal espère que le Conseil constitutionnel retoquera le projet de loi, sinon d’autres buralistes devront jeter la clé sous la porte.
Kevin Figuier
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