STRATAGEMES. Résultats en baisse, comptes déficitaires et querelles internes, le Stade Toulousain se préparerait-il à une période de disette, pendant laquelle les seigneurs des lieux tenteraient, par tous les moyens, de prendre les rênes du club ? Entre complots, alliances et manipulations, les clans se forment et chacun s’observe. Un véritable épisode digne de « Game of Thrones ».
Ce qui se passe au Stade reste au Stade ! L’omerta est totale et les apparences plus que trompeuses. Personne n’osait, jusque-là, constater que le torchon brûlait et que les armoiries rouges et noires perdaient peu à peu de leur superbe. Pourtant, les faits sont là et loin de vouloir tirer sur l’ambulance, « il est peut-être vital pour le club d’identifier ses faiblesses et d’y remédier », observe une source, proche du Stade Toulousain, que nous appellerons Patrick. D’ailleurs, quelques langues se délient aujourd’hui, et les défiances larvées se cristallisent, depuis la plainte contre X pour abus de pouvoir, déposée par l’ancien président du Conseil de surveillance, Eugène Passerat. « Personne n’est dupe ! Tout le monde sait maintenant que Guy Novès veut la place de René Bouscatel, et que ce dernier ne la laissera pas facilement ! » Pour René Bouscatel, il s’agira de garder sa couronne tout en sachant que son influence diminue sur son royaume rouge et noir : « il n’a notamment pas réussi à éviter que Sud Radio ne devienne partenaire du club, comme il l’aurait voulu. Il n’a pas eu son mot à dire, le Conseil d’administration (dans lequel siège Fiducial, société propriétaire de Sud Radio, ndlr) ayant approuvé le partenariat », nous confie une nouvelle source côtoyant la cour du royaume, que nous baptiserons Guillaume. Cependant, s’il souhaite se représenter à sa propre succession, il serait forcé de faire profil bas comme le souligne un actionnaire du club : « S’il veut pouvoir continuer, il ne doit pas faire de vagues. » Eviter d’ébruiter les querelles internes et tenter d’étouffer toute rumeur évoquant un quelconque problème au sein du club, il semblerait que ce soit effectivement la stratégie choisie.
« Tout le monde sait maintenant que Guy Novès veut la place de René Bouscatel »
Mais c’est sans compter sur les seigneurs voisins qui gardent un œil discret sur le « trône ». Ici, pas de rudes combats d’épées ou de poignards plantés dans le dos… « Quoique», estime certains proches du club, qui sentent bien « que tout le monde est devenu suspicieux », tout bouclier dehors. « Guy Novès n’est pas clair sur la question car il n’a pas encore toute la latitude nécessaire. Il est observé par les actionnaires, l’association des Amis du Stade Toulousain, le Conseil de surveillance et les anti-Novès, car il y en a », lance Guillaume. D’ailleurs, pour lui, le manager général aurait déjà commencé à se mettre en ordre de bataille et la plainte émanant d’Eugène Passerat serait « le coup de canon dans le ciel annonçant le début des hostilités. » Car pour l’actionnaire, « cette plainte est sans fondement et prétexte à autres calculs. » Il s’avoue dubitatif : « comment peut-on porter plainte contre X lorsqu’on dénonce des faits aussi précis qu’un abus de pouvoir ? Pour moi, il s’agit d’une tentative de déstabilisation d’une personne en particulier. » Ce qui l’intrigue, c’est l’auteur de cette plainte, l’ancien président du Conseil de surveillance, pourtant censé surveiller les agissements des acteurs économiques du club, « que faisait-il pendant son mandat ? » s’interroge-t-il. Pour lui, il s’agirait « de manigances pour barrer le chemin de Didier Lacroix », fidèle allié de René Bouscatel, « et de son frère Michel qui voulait aussi briguer le «trône» ». Guy Novès ne serait donc pas le commanditaire mais toujours est-il que la situation ne serait pas pour lui déplaire. De son côté, il place ses pions ! « L’arrivée de Fiducial n’est pas étrangère aux stratagèmes mis en place par le manager général », poursuit l’actionnaire.
« Les joueurs vont désormais à l’entraînement à reculons »
Une source interne à la société Fiducial nous confirme le rapprochement de Guy Novès avec le nouvel actionnaire du Stade : « Il a assuré des prestations de coaching chez Fiducial. Mais Guy Novès y intervenait déjà avant que Fiducial n’entre au capital du Stade Toulousain. » Cette même source nous précise que le manager général des Rouge et Noir se serait ainsi rapproché du PDG de Fiducial, Christian Latouche. Auraient-ils depuis réfléchi à une stratégie commune pour s’emparer du royaume toulousain ? C’est ce que pense un proche des instances dirigeantes : « Novès bénéficiait jusqu’à présent d’une aura due à son palmarès, il était intouchable mais les résultats ne sont plus au rendez-vous depuis 4 ans, et si les stadistes réalisent encore une saison blanche, le gouffre financier va se creuser. Il sera alors demandé à Fiducial de rajouter au pot, ce qui leur permettra de prendre de plus en plus de poids sur les décisions du club… et devinez qui cela arrange ? » Si par cette combinaison, Guy Novès parvient à monter sur le « trône », le club risque de changer ses habitudes, à commencer par la gestion des partenariats et sponsoring du club assurée par la société « A la une », dirigée par Didier Lacroix. En concurrence, « Team one », qui chasse sur le même terrain. Comme le souligne l’actionnaire, « il n’y a pas de place pour tout le monde et si Guy Novès devient président, je n’ai aucun doute sur le nom de la société qui sera choisie ! »
En résumé, un « trône » libre en 2017, plusieurs prétendants, des clans qui s’affrontent, des enjeux de pouvoir et financiers indirects et des alliances sous-jacentes… tout cela génère une ambiance pesante sur le club et sur les joueurs qui observent le double jeu des uns et des autres. Un ami commun à plusieurs joueurs témoignant même « qu’ils vont désormais à l’entraînement à reculons, ayant du mal à gérer les conflits entre leur président, leur manager général et même entre Guy Novès, William Servat et Jean-Baptiste Elissalde ! » Suite au prochain épisode.
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