Optimisme. Ils ont décidé de prendre leur café au soleil. Installés en terrasse, nos deux invités, Hélène Magdo et Christian Bec, se sont régalés à réagir sur Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Économie qui propose de construire « un grand projet alternatif pour la France », sur le dernier sondage Ifop montrant que la France ne va pas mieux pour 86% des Français et le lundi de Pentecôte, ce jour férié, mais pas trop, auquel personne ne comprend rien.
Par Severine Sarrat et Aurélie Renne
Hélène reste dubitative quant à l’intervention de Montebourg : « quel est le sens de ce qu’il est en train de faire à part de remettre dans le jeu politique ? C’est de la pure communication, un non-évènement pour moi. » À peine entamé, le débat a vite quitté le panorama carte postale qu’a offert Arnaud Montebourg au mont Beuvray lors de son allocution, pour s’élargir aux hommes politiques en général. « Je connais pas mal d’hommes politiques locaux, malheureusement quand ils parlent politique c’est uniquement pour se faire élire, pourtant lorsqu’ils disent ce qu’ils pensent vraiment c’est très intéressant. Concernant Montebourg je pense qu’il ira aux primaires, en fait j’espère qu’on ira aux primaires ! » Une réflexion de Christian qui fait rugir Hélène, totalement contre l’idée de primaires de la gauche : « comment réconcilier un Montebourg et un Macron ? Tout ça ce n’est que de l’effet d’annonce, tout ce que je déteste dans la politique, c’est de l’agitation pour exister, comme ce truc des 7 nains là ! » ironise-telle en évoquant le « Hé Oh la gauche ». Pour Christian finalement les politiques ne font là « que leur job : à savoir se faire réélire ». Une nouvelle fois Hélène met une objection : « non justement leur job ce n’est pas ça ! Mais on est dans un système qui est en fait une caste politique, c’est terrible ! » Nos deux invités s’entendent sur fait que Montebourg a au moins le mérite d’avoir fait un détour par l’entreprise pour se reconnecter à la vraie vie : « Oui enfin il a été y voir », plaisante Christian et Hélène de rajouter qu’il a tout simplement fait « son stage ne entreprise ». Christian poursuit avec une anecdote : « J’ai reçu Fleur Pellerin dans mon entreprise il y a quelque temps, c’est une brillante énarque il n’y a rien à dire là-dessus, mais quand elle a visité ma boite il était clair que le monde de la PME elle ne le connaissait pas du tout : à son poste c’est un peu dommage ! » Pour lui, « sans vouloir être trop radical », il faudrait interdire la politique à ceux qui n’ont pas gouté à la vie professionnelle en amont. « On ne peut pas représenter les gens sans les connaitre».
« On favorise les partis politiques et l’entre soi. »
Le problème réside surtout dans le cumul des mandats pour Hélène, qui demande qu’on arrête d’être politique à vie. Elle évoque notamment Nicolas Sarkozy « si déconnecté qu’il a avoué ne pas connaitre le site internet le bon coin… passer 30 ans à faire de la politique et à grenouiller là-dedans ce n’est pas possible. Il faut un nombre de mandats définis dans le temps et surtout permettre aux gens de travailler à côté. » Christian va complètement dans son sens expliquant que qu’on ne se retrouve qu’avec « des énarques issus de la fonction publique, qui partent en politique avec un élastique pour revenir quand ils le décident… » Là les discours divergent, car si le président du club Galaxie voit en Macron un homme différent « réellement issu de la vraie vie, du monde du travail », Hélène modère le côté vraie vie de la banque Rothschild ! « C’est une partie du problème la façon dont la politique est faite avec ce clivage gauche-droite, l’idée de devoir recueillir 500 signatures, de débourser des sommes indécentes pour être visible… » Elle déplore que sans l’appui d’un parti important rien n’est possible. « On favorise les partis politiques et l’entre soi. » Les frondeurs peuvent-ils finalement représenter quelque chose ? Donner une nouvelle option aux Français ? « Il vaut mieux perdre une élection et garder son âme. Pour moi cette primaire serait le début d’une reconstruction de la gauche même s’il y a de grandes chances qu’elle perde les élections », explique Christian. « Mais c’est quoi la gauche aujourd’hui ? » interroge Hélène. « On peut dire aujourd’hui qu’il y a à droite des gens plus à gauche que ceux qui sont à la droite de la gauche ». Une pirouette qui sera la conclusion de ce premier thème abordé.
La transition coule presque de source vers le sondage à propos du moral des Français : selon l’Ifop, la France ne va pas mieux pour 86% des Français. « Ça va surement mieux, car il a changé les canapés à l’Elysée, enfin il a du se passer quelque chose là-bas, car même s’il y a des embellies je vois toujours autant de gens sans emploi, en fin de droit » déplore Hélène. Christian ajoute que pour les gens ça ne va pas mieux, mais que côté économie on ne peut pas nier une amélioration : « Depuis la crise ça va mieux, mais moins vitre qu’ailleurs, regardez les États-Unis, sans parler de l’Allemagne. »
« Il vaut mieux perdre une élection et garder son âme»
Nos invités prennent alors le taureau par les cornes et y vont de leurs analyses et propositions : « ce qu’il faut c’est redonner espoir », « apporter une vision aux Français ». « Il faut un projet politique qui fasse rêver les gens, proposer un projet à long terme pour le pays », indique Hélène. Ce à quoi Christian ajoute que « les entreprises qui marchent sont aussi celles qui donnent une vision, si les politiques arrivent à ça, la consommation va repartir à la hausse. Il faut qu’ils soient clairs pour qu’on ait confiance ». Il dit rester optimiste particulièrement avec ces élections à venir : « pour la première fois, des politiques vont être élus sur des choses fortes et les faire, on est sur un créneau intéressant, je suis sûr qu’on va enfin proposer des choses ».
« Aujourd’hui ce qu’on nous propose c’est la déchéance de nationalité, la loi travail, l’état d’urgence, le lundi de Pentecôte auquel personne de comprend rien… » Sans le savoir, Hélène introduit notre dernier sujet du jour : faut-il uniformiser ce jour férié à tous les corps de métier ? Cela éveille quelques souvenirs chez Christian qui rappelle que les 35h ont été et sont encore un chaos sans nom : « la méthodologie de mise en place a été le même bazar, passer de 39 à 35 heures c’est simple finalement, les choses ont juste été trop violentes. Enlever une demi-heure par an ça aurait été indolore, inodore, et en n’en parlerait plus depuis longtemps ! » L’ancien chef d’entreprise prône plus d’homogénéité et de simplicité que ce soit pour des fériés comme le lundi de Pentecôte ou pour une réforme comme les 35h. Alors, comment faire pour en arrivant à cet objectif ? « Il faut une norme pour tous et pas par entreprise», lance Hélène, « de la souplesse comme j’expliquais pour les 35h ! » renchérit Christian. À la SNCF par exemple le lundi de Pentecôte est lissé sur toute l’année avec pour chaque salarié très exactement 1minute 52 de travail supplémentaire et gratuit chaque jour…
Mini bios
Hélène Magdo : À 33 ans, elle est encartée au Parti de gauche et initiatrice d’un groupe d’appui pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour les élections de 2017. Également entrepreneuse elle fabrique des patrons de tricot et sac personnalisables.
Christian Bec : Avec une première expérience professionnelle dans un bureau d’études toulousain, il reprend ses études en école d’ingénieur pour se salarier chez BTS industrie qu’il finira par racheter en 2004. En 2010 il revend à Nexeya, redevient salarié et vice-président du groupe. À 51 ans, outre son engagement dans le business angels, il est également président du club Galaxie, trésorier de Aérospace Valley et président de l’Aéroclub Midi-Pyrénées.
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